PRÉCISIONS DÉFINITOIRES

Document établi par Lene Schoesler (Institut d'Études Romanes, Université de Copenhague)

1. Types d’emploi
2. Distinction d’acceptions des verbes polysémiques
3. Distinctions de voix, mode et temps
4. Valence réalisée et valence maximale
Notes
Références


Ce qui suit contient quelques précisions concernant la grille de verbes établie comme document accompagnant l’édition du Miracle 1: de l’enfant donné au diable établie par Pierre Kunstmann, voir le site du "Laboratoire de Français Ancien": aix1.uottawa.ca/academic/arts/lfa/activites/textes/archives_miracles_ND.html. La grille a été rédigée à l’aide du logiciel FileMakerPro. Les précisions concernent l’établissement de cette grille et plus particulièrement les distinctions suivantes:
- distinction des divers types d'emploi (auxiliaire, verbe support, verbe à sens plein ...)
- distinction des diverses acceptions des verbes polysémiques
- distinction de voix, mode et temps
- valence réalisée ~ valence maximale.

1. Types d’emploi

1.1. Auxiliaire

Un verbe auxiliaire, avoir ou être, n’a pas de schéma valentiel propre. L’auxiliaire apporte au verbe composé certains traits: personne, nombre, temps, aspect, mode ... L’auxiliaire transmet simplement les sélections valentielles du verbe - il est "transparent" selon la terminologie de Gaatone (1998). C’est ainsi qu'aux vers 11-12 du Mir1:

(1a) Je vous ay voué, fleur de lis, que jamais de ma char ...,

ay a comme unique fonction de conjuger le verbe vouer et d’en faire une forme du passé composé, première personne du singulier. C’est vouer qui détermine la nature et le nombre des membres valentiels qui sont au nombre de trois: un sujet animé (je), un COI animé (vous) et un COD en forme de complétive. J’ai séparé l’emploi d’auxiliaire des autres en en supprimant les renseignements de valence, voir les exemples (8a et b) cités plus loin. Le verbe auxilié, par contre, est accompagné des renseignements concernant sa valence. Voir par exemple le cas des participes amee et servie au vers 19 du Mir1:

(1b) M’as lonc temps amee et servie

qui sont accompagnés de leurs indications valentielles: S: implicite, COD: m’, construction coordonnée, valence maximale: 2, valence réalisée: 1.

1.2. Verbe support

Un verbe support se combine avec un élément nominal ou prépositionnel pour former un verbe complexe. Dans plusieurs cas en français moderne, différents verbes supports se relayent pour former une sorte de paradigme: faire / donner/ avoir peur, par exemple. En français moderne, on reconnaît souvent une construction à verbe support grâce à son absence de détermination: avoir besoin, faim, peur. En ancien français, période où l’article n’est pas obligatoire, il est souvent difficile de déterminer la nature d’une construction: à verbe support ou non? On a invoqué le parallélisme avec une construction verbale simple, tel faire peur = craindre. Dans un cas tel que avoir pitié = s’apitoyer, la question se pose s’il faut analyser le nom pitié comme COD ou bien comme faisant partie d’une construction verbale complexe, donc partie d’une construction à verbe support. Dans le cas de la construction estre vis que…l’analyse en verbe support s’impose – un exemple comme (2a) est accompagné du commentaire suivant: construction à verbe support ”estre vis”; S impersonnel ”il”; COD: complétive ”Que je l’i voy”; COI: ”m’”. L’alternative peu satisfaisante étant l’analyse en construction tétravalente: S, COD, COI et attribut du sujet (”vis”), constellation pour le moins extraordinaire, il faut l’avouer.

(2a) Il m’est avis que je l’i voy (v. 1419)

Considérons un autre cas:

(2b) Mais je li ay convent, (v. 354)
       Se .vii. ans respit m’en donnoir,
       Que ja baptizié ne seroit.


La forme est accompagnée du commentaire suivant:
temps composé [du verbe avoir]; S: "je"; COD: "convent"; COD: complétive; COI: "li" (construction à verbe support: "avoir convent à quelqu'un que .... "). On note ici la présence de deux COD, dont l'un (convent) constitue une partie intégrante de la construction à verbe support, alors que l’autre a la fonction de COD de la construction entière. Le codage offre ainsi un compromis entre les deux analyses: en verbe support ou en construction indépendante. Pour une discussion méthodologique des verbes supports, je renvoie entre autres à Gaatone (1998) et à Van Durme et van den Eynde (??).

Il faut se demander, s’il s’agit de la même construction complexe dans les cas où il n’y a aucun complément supplémentaire et dans les cas où il y a aussi un complément prépositionnel: avoir pitié / avoir pitié de quelqu’un. Dans les cas sans complément prépositionnel (avoir pitié), on peut se demander s’il s’agit d’un simple COD, d’une ”incorporation”, ou bien d’un complément prépositionnel non exprimé. J’ai indiqué quelques cas de doute dans les ”commentaires”. C’est ainsi - du moins provisoirement - que j’ai classifié avoir joie / duel comme des constructions à verbe support, construction divalente, sans complément prépositionnel sous-entendu. Voir v. 717, 881, 963.

J’ai dit auparavant qu’un verbe support se combine soit avec un élément nominal, comme (avoir) pitié, soit avec un élément prépositionnel, comme (avoir) en convent. J’ai relevé quelques cas, avec le même verbe (avoir) et le même nom ou une forme dérivée (convent / convenant) où il y a alternance entre la construction directe et la construction prépositionnelle, tel avoir en convent / convenant ~ avoir convent / convenant de...:

(3a) Ainsi l’ay a Dieu en convent (v. 52)
(3b) Puis qu’a Dieu en convent l’avons (v. 55)
(3c) Se ne li eusse convenant / Que ja par nous n’iert baptiziez (v. 350)
(3d) Mais je li ay convent eü / .... / Que ja baptizié ne seroit.  (v. 354)
(3e) En convent vous ay, Belgibus, / Que j’en lairay Lucifer faire ... (v. 546)
(3f) Elle vous ara en convent / Que jamais plus n’en priera ... (v. 560)
(3g) Ce qu’elle m’a en convenant (v. 569)

Non seulement il y a ici alternance entre la construction directe et la construction prépositionnelle, mais il y a aussi alternance entre différentes prépositions dans le cas du complément prépositionnel suivant le noyau nominal de la construction à verbe support. Prenons le cas du noyau nominal pouoir. J’ai relevé au moins deux façons de lier un complément prépositionnel au noyau pouoir: Avec la   préposition sur, ou bien avec la préposition a, comme il ressort des exemples suivants:

(4a) Qu(e) ennemis n’ait sur nous pouoir (v. 117)
(4b) Qu(e) ennemis n’ait pouoir a li (v. 267)
(4c) De  tel pouoir comme g’y ay (v. 567)
(4d) Qu’ennemy ait pouoir sur eulx (v. 587)
(4e) Qu(e) ennemis n’ait sur moy pouoir (v. 887)
(4f) Il n’avra ja sur toy pouoir (v. 1005)

Dans notre Miracle 1, un verbe support peut réaliser jusqu’à quatre valences, puisque l’élément nominal ou prépositionnel compte aussi comme tel. On relève ainsi jusqu’à deux COD (voir l’exemple (2)), et deux compléments prépositionnels ou éventuellement un COI (voir l’exemple (3g) ci-dessus, repris ici pour la commodité):

(3g) Ce qu’elle m’a en convenant (v. 569)

Dans cet exemple, elle est le sujet, ce que le COD, m’ est le COI, et en convenant est le complément prépositionnel, noyau nominal de la construction.

Voir la section 4  pour plus de détails concernant la valence réalisée et la valence maximale.

Les verbes modaux sont considérés comme un type de verbe non plein et sont accompagnés du commentaire ”verbe modal”. Cette annotation permet de distinguer par exemple le verbe modal ”devoir” du verbe plein ”devoir” (voir plus loin (7c) et (7d)).

2. Distinction d’acceptions des verbes polysémiques

La base de la distinction d’acception ne repose pas sur l’intuition du chercheur – inévitablement subjective -  mais sur des critères aussi formels que possible. Un critère formel est constitué par une différence de schéma valentiel. Une acception monovalente se distingue par exemple d’une autre acception divalente, tel le cas du verbe aller, verbe clairement polysémique. Comme verbe de mouvement, aller signale souvent le simple mouvement, et se trouve dans cet emploi souvent accompagné par un adverbe de direction ou de source, comme l’exemple suivant v. 283:

(5a) Mon seigneur, alez hors de cy

Quand aller est accompagné du pronom réfléchi et de l’adverbe en, il est à considérer comme ayant un autre sens et un autre schéma valentiel, c’est donc une acception différente – et divalente -  par rapport au premier aller dans (5a) que nous trouvons dans (5b), provenant du v. 578:

(5b) Alez vous ent, ne vous doubtez

Néanmoins, les membres valentiels peuvent être implicites (nous y reviendrons dans la section 4), ce qui nécessite que la distinction d’acceptions soit basée non seulement sur une différence de valence quantitative, mais sur des critères supplémentaires. Un tel critère est par exemple la nature des membres valentiels – en d’autres mots, le critère repose sur une différence de valence qualitative. Nous avons vu que la première acception du verbe aller, illustrée dans (5a) s’accompagne volontiers d’un adverbe de direction ou de source, ce qui vaut également pour la seconde acception, illustrée dans (5b). Un tel adverbe semble exclu dans le cas de la troisième acception du verbe aller, illustrée dans (5c), provenant du v. 343:

(5c) De ce va bien, d’autre part mal

Cette acception se distingue en outre des deux précédentes par la tendance à se faire accompagner d’un complément indiquant la manière. Elle se distingue aussi des deux acceptions précédentes par le fait qu’il ne s’agit plus d’un verbe de mouvement. C’est bien pour cette raison qu’un adverbe de direction ou de source est exclu dans ce cas-ci. A ce trait s’ajoute une différence de traits sémantiques du sujet grammatical: les deux premières acceptions demandent normalement un sujet animé, alors que le sujet de la troisième acception peut être non seulement animé, mais aussi neutre.

Nous venons d’étudier plusieurs acceptions du verbe polysémique aller. En tant que verbe de mouvement (surtout acception 1), le verbe s’accompagne volontiers d’un infinitif indiquant le but du mouvement, comme dans l’exemple (5d):

(5d) Alez le querre, doulx amis (v. 632)

Cette combinaison d’un verbe de mouvement et d’un infinitif formera, on le sait, en français moderne, un nouveau futur analytique (voir Fleischman 1982). Le sens du futur pointe déjà dans un exemple comme (5e), provenant du v. 534-535, où il ne s’agit guére d’un mouvement physique:

(5e) Je vois a la vierge proier / Qu’elle vostre cuer mette a point

Prenons un autre exemple: le verbe polysémique arrester. Ce verbe s’emploie dans deux contextes différents, avec des schémas valentiels différents, ce qui nous amène à distinguer deux acceptions. La première, monovalente, qui est illustrée dans (6a-b) a le sens d’”hésiter” et s’accompagne volontiers d’un adverbe de temps (plus, tant que ....). La seconde, trivalente, a le sens de ”rester” et s’accompagne naturellement d’un complément de lieu (cy). Elle se trouve illustrée dans (6c). Le lien est si fort entre le complément de lieu et le verbe que l’adverbe a été ajouté au schéma valentiel de cette deuxième acception. Les différences de valence quantitatives et qualitatives nous amènent ainsi à distinguer les deux acceptions.

(6a) A Dieu! Plus arrester ne vueil (v. 749)
(6b) Sachez que je n’arresteray / Tant que ceste besongne ert faite (v.92-93)
(6c) Si me voulray cy arrester (v. 1154)

Notre miracle nous fournit beaucoup d’exemples de verbes polysémiques: conseiller (v. 1152: v. 361: v. 1064), croire (v. 1203: v. 984), délivrer (v. 740: v. 554), départir (v. 113: v. 1140), devoir (v. 1052: v. 133), etc. (7c) et (7d) illustrent la différence entre le verbe modal divalent (v. 1052) et le verbe plein trivalent (v. 133). Le verbe modal s’accompagne de son sujet et de son COD, qui est un syntagme infinitif (en l’occurrence: me…de ca traire):
 
(7a) Je me deüsse de ca traire

alors que le verbe plein illustré dans (7b) est accompagné de son COD (que reprenant la debte) et de son COI – ici non introduit par la préposition à - la vierge honnoree:

(7b) Avez vous paiee la depte
Que devez la vierge honnoree?

3. Distinctions de voix, mode et temps

La grille comporte une partie morphologique qui permet de décrire avec précision les formes verbales du Miracle 1. Les distinctions suivantes sont indiquées:

3.1. Forme simple ou composée.

Nous distinguons la forme simple de la forme composée. La forme simple est soit une forme personnelle, soit un infinitif ou un participe, présent ou passé.

3.1.1.

La forme simple personnelle présente la flexion à marques de voix, mode, diathèse, temps, personne et nombre.

3.1.2.

La forme simple non personnelle fonctionne parfois comme un simple nom ou adjectif, voir plus loin, 4.1.3.4., exemple (12b). L’infinitif a souvent une fonction nominale, comme arrester dans (6c), qui – avec ses propres compléments - assure la fonction de COD du verbe vouloir.

Dans certains cas, l’infinitif ou le participe entre dans une construction à nexie, c’est-à-dire une construction dans laquelle deux éléments se combinent dans une relation de solidarité (comme l’acc. plus infinitif latin ou l’ablatif absolu latin). Cette construction se distingue donc par la présence obligatoire d’un élément fonctionnant comme sujet logique (dans les exemples (7c-d) mon jour, mon fil) et un autre élément – infinitif ou participe – dont la fonction correspond à celle d’un verbe (approuchant, avoir), cf. les phrases à formes personnelles correspondantes: je vois ceci: mon jour s’approuche – je ferai ceci: mon fils aura le baptême. La construction se retrouve avec l’infinitif seulement dans la langue moderne, suivant les verbes de sensation et les verbes faire et laisser. Citons comme exemples deux constructions suivant les verbes voir et faire:

(7c) Car je voy mon jour approuchant (v. 1093)
(7d) Pour mon fil faire avoir baptesme (v. 337)

3.1.3.

La forme composée s’accompagne d’un ou de deux auxiliaires. Il s’agit d’un seul auxiliaire dans le cas d’une construction active (auxiliaire avoir ou être), alors qu’une construction passive présente parfois deux auxiliaires, l’auxiliaire de temps avoir et l’auxiliaire de diathèse passive: être. Le v. 212 illustre l’auxiliaire de temps avoir; un exemple avec deux auxiliaires (passé composé passif) se trouve au v. 230 :

(8a) Vous avez fait fole donnee (v. 212)
(8b) La dame a bien esté tenue (v. 230)

La grille permet ainsi de récupérer l’ensemble des formes composées. La grille permet de saisir non seulement les cas combinant un auxiliaire et un participe passé, comme les exemples (8a et b) cités ci-dessus, mais aussi les cas où la forme auxiliée est un participe présent (8c). Dans un tel cas, l’effet de sens est d’insister sur la nature durative ou permanente d’un événement ou d’un trait de caractère (aspect imperfectif).

(8c) Vous estes chascun aidans (v. 445)

3.2. Distinction de voix.

La grille distingue les voix suivantes: construction active, passive, pronominale, pronominale à sens passif, simple construction réfléchie, réciproque ou bien distinction inapplicable. On voit que cette partie de la grille marque non seulement la diathèse (active ~ passive) mais aussi d’autres distinctions qui sont souvent considérées comme liées à la diathèse, comme la construction pronominale. Comme la position diathétique de cette dernière construction n’est pas transparente, nous avons décidé d’établir les distinctions qui nous ont semblé nécessaires, quitte à y revenir plus tard. Citons quelques exemples pour illustrer les distinctions établies:
- Construction active: nous renvoyons à l’exemple (8a) cité plus haut.
- Construction passive: nous renvoyons à l’exemple (8b) cité plus haut.
- Construction pronominale, c’est-à-dire un verbe comme s’en aller qui ne permet que la construction avec un complément réfléchi, voir (9a):

(9a) Alons nous en, mere et amie, v. 1456.

- Construction pronominale à sens passif, c’est-à-dire une construction dont le sens correspond à une construction passive, comme le français moderne: le vin blanc se boit frais. Nous n’avons pas (encore) relevé d'exemples de cette construction dans Mir1.
- Construction réfléchie, c’est-à-dire une construction où est possible – mais pas obligatoire – comme complément un pronom réfléchi (voir l’exemple suivant, v. 1477, dont le COD aurait pu être un pronom personnel ou un nom):

(9b) Puisqu’il plaist Dieu, fai, si t’affaitte.

- Une construction réciproque présuppose un sujet de pluralité, comme le français moderne: les enfants se sont regardés, qui signifie que les enfants se regardent les uns les autres. Je n’ai pas (encore) relevé d’exemple de ce type dans mon corpus.
- Finalement, il y a des cas où cette distinction de voix n’est pas pertinente – c’est surtout des cas de participes en fonction d’adjectif, comme habondans au v. 795:

(9c) Fontaine de grace habondans.

Cette partie de la grille permet ainsi entre autres un relevé et une analyse des constructions diathétiques concurrentielles qui font actuellement défaut dans la recherche sur l’ancienne langue.

3.3. Distinction de temps.

La grille marque le mode, le temps et la personne de la forme verbale. Dans le cas des formes composées, la grille signale la forme du seul auxiliaire. Ainsi, un passé composé est marqué comme tel par le fait que la grille indique qu’il y a un auxiliaire dont le temps est le présent. La grille permet ainsi par exemple un relevé et une analyse de bien des phénomènes grammaticaux – je me limite à trois:
- de l’emploi des temps et de l’aspect (voir Schøsler (1973, 1985, 1986, 1994)),
- du choix du mode: indicatif ou subjonctif,
- de l’emploi de l’infinitif, précédé ou non de son indice (Reenen & Schøsler 1993).

4. Valence réalisée et valence maximale

La grille distingue la valence réalisée et la valence maximale. Nous allons d’abord considérer la valence maximale (section 4.1.), puisque la valence réalisée en est dérivée. Il faut discuter en outre des cas d’ambiguïté (variation valentielle ou différence d’acception?), ce qui sera le sujet de la section 4.2. On discutera la valence réalisée dans la section 4.3. Parfois, un COI dit d’intérêt s’ajoute au schéma valentiel d’un verbe. Celui-ci n’est jamais obligatoire et semble se réaliser toujours comme un pronom personnel (voir Leclère). Ces deux traits caractéristiques suffisent à l’exclure du nombre de membres valentiels à part entière. Le vers 899 en fournit un exemple, car le verbe croistre est monovalent et la forme dative du pronom te ne fait que marquer le lien d’intérêt qui lie l’action désignée par le verbe à l’interlocuteur:

(9d) Pour la paine qui t’est crüe

4.1. Valence maximale

Nous indiquons dans la rubrique ”valence maximale” le nombre maximal de membres valentiels qui accompagnent un verbe. Dans la pratique, plusieurs ou même tous les membres valentiels peuvent être non réalisés (voir la section 4.3.). Bien sûr, il existe des cas d’hésitation concernant le nombre de membres valentiels à inclure (voir la discussion à ce propos entre autres dans Schøsler 1996 et Schøsler & Kirchmeier 1996).
 
Un verbe s’accompagne d’un nombre maximal de membres valentiels allant de zéro à 4, dans les cas que nous avons relevés. Dans ce qui suit, nous présenterons les différents schémas valentiels.

4.1.1. Verbes avalents

Tesnière parle de ”verbes avalents” dans le cas des verbes météorologiques, comme le verbe latin ”pluit”, pour lequel on ne peut s’imaginer un sujet grammatical – à moins que ce ne soit une divinité! Le Miracle 1 ne contient pas de verbes de ce type, qui existe pourtant en français (ancien et moderne): greler, neiger, pleuvoir, venter.... Dans un autre texte: La tierce joye de mariage, l. 40 j’ai relevé un exemple coordinant trois verbes de ce type:

(10) Et s’il pleut ou gelle ou grelle et le mary soit dehors
 
En français moderne, le sujet grammatical il y apparaît, dû à la présence obligatoire d’un sujet grammatical, même vide de sens. Les verbes avalents se distinguent de tous les autres verbes qui ont un sujet grammatical réalisé ou non.

4.1.2. Verbes monovalents

Les verbes monovalents n’ont qu’un membre valentiel: le sujet grammatical, qu’il soit réalisé ou non (sujet implicite par exemples aux v. suivants: 343, 392, 573, 1115, 1146, 1173, 1295). Dans le Miracle 1, les verbes monovalents comprennent entre autres les verbes suivants, qui sont des verbes de mouvement: aller, arrester, atargier, avenir. L’exemple (5a) déjà cité, reproduit ici pour la commodité, illustre ce type de verbes:

(5a) Mon seigneur, alez hors de cy

4.1.3. Verbes divalents

Les verbes divalents ont déjà un schéma valentiel plus compliqué que le verbes monovalents, puisque le second membre valentiel peut être direct (COD), indirect (COI) ou bien prépositionnel. Dans le premier cas on parle de verbes à transitivité directe.

4.1.3.1. Verbes divalents à COD

Les verbes ayant un COD comprennent entre autres les verbes suivants: abonder, abréger, achever, accomplir, aimer, amender, apareiller, aparoir, apprendre, aquerre, arguer, attendre, attiser, avoir, accueillir, assavoir et  ........ s’en aller! Comme en français moderne, il s’agit en ancien français d’une liste de verbes sans aucun trait sémantique spécifique en commun - ce n’est qu’un groupe fonctionnel, très hétérogène. On s’étonnera peut-être de voir figurer un verbe pronominal tel que s’en aller parmi ces verbes, mais le pronom réfléchi a nécessairement sa fonction syntaxique et qui est le plus souvent à considérer comme celle du COD, à moins qu’un autre élément de la phrase n'occupe cette fonction (comme c’est le cas en français moderne pour une phrase comme elle s’est coupé le doigt. Dans ce cas, les règles modernes d’accord – non accord de coupé - montrent que se est un COI). Dans le cas de s’en aller, se est donc considéré comme un complément qui se distingue de celui d’un verbe tel que laver, par le fait que s’en aller ne permet comme COD qu’un pronom réfléchi, alors que laver permet comme COD non seulement un pronom réfléchi mais aussi bien d’autres types de constituants.

4.1.3.2. Verbes divalents à COI

Les verbes faillir, déplaire et obéir illustrent ce schéma valentiel:

(11a) A ceste prise avez failli (v. 1251)
(11b) Mon ami chier, ne vous desplaise (v. 1020)
(11c) D’obeïr a tes douls commans (v. 441)
(11d) …et doy a vous obeir (v. 1403)

4.1.3.3. Verbes divalents à complément prépositionnel

Les verbes ayant un second complément prépositionnel comprennent par exemple les verbes suivants: accoucher de, atteindre à, toucher à:

(12a) li faiz et li dons touche / A lui, quant il fu au promettre; (v. 1350-1)

4.1.3.4. Verbes divalents à attribut du sujet

Les verbes du type être, sembler et paraître se construisent avec un attribut du sujet, dans l’ancienne langue comme dans la langue moderne:

(12b) Et la vierge, qui est puissans (v. 43)

Dans cet exemple, l’attribut du sujet est une forme non personnelle du verbe, un participe présent. Ici, le participe fonctionne comme un adjectif, correspondant, par exemple, à l’adjectif bonne. Dans d’autres cas, la forme non personnelle du verbe est accompagnée de membre valentiels secondaires régis par ce noyau verbal. Un tel cas est illustré par le v. 44, cité ci-dessous.

(12c) Qu(e) aus ames nous feüssent aidans.

Il s’agit ici d’une construction à attribut aidans, accompagné de ses membres valentiels aus ames et nous.

Au niveau de la phrase - le niveau primaire - il s’agit d’une construction divalente du verbe être à sujet non exprimé et à l’attribut aidans suivi de ses compléments subordonnés. Au niveau secondaire, est-ce que le verbe aider se construit ici avec deux COI: un sujet et un complément prépositionnel non exprimés (cf. 4.1.4.3.)? Non, il ne s’agit pas d’une construction comportant quatre membres valentiels du verbe aider, mais d’une construction à possession inaliénable, dans laquelle un membre valentiel se dédouble. Ce type de construction est plus limitée en français moderne qu’en ancien français. Un exemple typique est je baise sa main – je lui baise la main; je coupe ses cheveux, je lui coupe les cheveux. Dans le v. 44, les deux syntagmes aus ames – nous correspondent à un seul: a nos ames. La construction du verbe aider (ici incluse dans une construction attributive) reste donc trivalente - avec une seule valence réalisée ici: celle du COI, qui est à considérer comme un syntagme discontinuel. Elle présente la possibilité d’expansion due à la présence d’un nom - ame - qui permet la construction doublée inaliénable. (Voir aussi v. 731 pour un cas comparable)

4.1.4. Verbes trivalents

Les combinaisons de schéma valentiel se compliquent dans le cas des verbes trivalents. Nous mentionnerons ici quatre cas: S-COD-COI, S-COD-Cprép,  S-COI-Cprép et S-COD-attribut du COD.

4.1.4.1. S-COD-COI

Les verbes donner, départir, ottroyer et rendre illustrent ce schéma valentiel:

(13a) Dame, cuer et cors vous ottroy / Et doing sanz jamais retolir (v. 1264-5)
(13b) Cui Diex a ses biens departiz (v. 1140)
(13c) Tout a plain le nous renderoit (v. 1231)

Un COI nominal peut se réaliser sous la forme oblique directe, sans la préposition à, témoin les vers 133 (cité comme exemple 7d), 680 et 652 où nostre enfant n’est pas précédé de la préposition à:

(13d) Et si doint nostre enfant espace

4.1.4.2. S-COD-Cprép

Les verbes garder et prier illustrent ce schéma valentiel:

(14a) Dame, se Diex vous gart d’annuy (v. 374)
(14b) Or t’en avance, je t’en pri (v. 90)

4.1.4.3. S-COI-Cprép:

Le verbe trivalent typique en ancien français à COI et Cprép est le verbe aider. Le v. 530 illustre le cas où le sujet est implicite, et les deux compléments explicites: un complément prépositionnel introduit par a et me, dont la forme est équivoque quant au cas: accusatif ou datif, mais d’autres  exemples, non équivoques, nous font comprendre qu’il s’agit bien d’un datif.

            (15) Se ne m’aidiez a porter / Mes doulours, perdue seroie

4.1.4.4. S-COD-attribut du COD.

Le verbes du type nommer, appeler sont suivis d’un COD et d'un attribut du COD comme le v. 1434:

(16) Mere, on l’appellera Sauveur

4.1.5. Verbes tétravalents

Les constructions à verbe support sont souvent tétravalentes, comme nous l’avons vu dans la section 1.2. (voir les exemples (2, 3a)). D’autres cas, du moins en français moderne, sont constitués par les verbes de transport concret ou figuré, comme transmettre, envoyer, traduire.

4.2. Cas ambigus

Nous avons dit précédemment (section 2) que nous distinguons les différentes acceptions selon une série de critères formels, entre autres à l’aide des différences de valence quantitatives et / ou qualitatives. Alors, comment distinguer les cas ”d’hésitation” des différences d’acceptions? Prenons le cas d’entendre. Dans Miracle 1 je relève deux constructions, avec COD ou bien précédé de la préposition a. Le sens ne semble pas varier selon ces deux constructions – ou est-ce qu’une nuance de sens nous échappe? Est-ce que la variation dépend de la nature du complément, animé (17c,d) ou inanimé (17a,b)? Bref, s’agit-il de la même acception, avec variation formelle ou bien de deux acceptions différentes?

(17a) Biau sire, entendez ma raison (v. 69)
(17b) Vueillez entendre ma raison (v. 1302)
(17c) Entendez a cest pecheour (v. 841)
(17d) Juge vray, entendez a nous (v. 1279)

4.3. Valence réalisée

La grille distingue, comme nous l’avons vu, la valence réalisée de la valence maximale. Si la valence maximale est parfois difficile à déterminer, notamment  dans le cas de verbes rares ou s’il s’agit de cas ambigus comme ceux mentionnés dans la section 4.2., la valence réalisée signale la valence quantitative[1] du verbe en question.

La vieille langue reflète un état de langue où en principe tout membre valentiel est optionnel, contrairement à l’état moderne, où le sujet grammatical est obligatoire, sauf dans certains cas très précis de coordination. La structure de la grille permet de récupérer les cas de membres valentiels non-réalisés et d’étudier si tous les membres valentiels se prêtent à l’ellipse avec la même aisance. Dans un article fort intéressant Oesterreicher (1991) propose une hiérarchie d’ellipse dans la langue moderne et il serait tentant de procéder à une telle étude pour l’ancienne langue. Signalons seulement quelques cas:

4.3.1. Ellipse du sujet grammatical

Le sujet, personnel ou neutre d’un verbe actif permet facilement la suppression, surtout dans la principale (voir à titre d’illustration les exemples (6a-b) reproduits ici pour la commodité):

(6a) A Dieu! Plus arrester ne vueil (v. 749)
(6b) Sachez que je n’arresteray / Tant que ceste besongne ert faite (v. 92-93)

La facilité avec laquelle le sujet grammatical est sous-entendu dépend, on le sait, entre autres, de la personne grammaticale, du style et du contexte grammatical, voir Vance (1997) et Schøsler (1999 b). Du moins dans notre miracle, les constructions passives, par contre, semblent moins enclines à la suppression du sujet, même d’un sujet neutre, voir v. 570:

(17e) C’est escript.

D’autre part, les construction en nexie régies par exemple par les verbes faire, laisser et les verbes de sensation, ne permettent pas l’ellipse du sujet logique, voir les v. 252 et 514. Dans (17f), Yre est le sujet grammatical du verbe fist régissant la nexie. Le noyau verbal de la nexie est l’infinitif destourber, le sujet logique de l’infinitif est me et le COD de l’infinitif est la parole. Cette construction complexe se laisse donc séparer en deux parties: Yre fist et ce que provoquait la colère: me destourber la parole. Ce qui distingue ce type de construction de la construction à verbe personnel est aussi la présence obligatoire du sujet logique, en l’occurrence me.

(17f) Destourber me fist la parole / Yre

Pareillement, dans (17g), le verbe régissant la nexie est voy, à sujet implicite. La nexie se compose du noyau verbal approucher et de son sujet logique: le jour. Là encore, on peut paraphraser la construction complexe comme suit: (je) voy et ce qui est vu: le jour approucher. Le sujet logique le jour ne peut être implicite, sans un changement fondamental du sens.

(17g) Pour tant qu(e) approucher voy le jour.

4.3.2. Ellipse du COD

Le COD se signale dans l’ancienne langue par sa tendance très claire à éviter l’ellipse. Sur ce point, le français ancien se distingue non seulement du latin, mais aussi de la langue moderne (voir Schøsler 1999 b). J’ai relevé dans les anciens textes quelques rares types d’ellipse que je retrouve également dans le Miracle 1. D’abord dans des expressions figées comme avoir [quelque chose] à faire, tel le v. 571, où l’ellipse est marquée comme Ø:

(18a) Car nous avons Ø ailleurs a faire

Ensuite, dans la suite bien connue de le lui/leurle se voit supprimer, et cela depuis les plus anciens textes. Le vers 604 illustre cette construction:

(18b) Adonc si l’en veulent mener,
         Ne Ø leur pourray je deveer

Exceptionnellement, on rencontre des ellipses du COD dans des construction coordonnées, voir (18c) et dans quelques constructions à infinitif (18d) et (18e):

(18c) Vez cy la lettre despecie,
         Dont vous comme mauvais usez.
        Vous Ø escripsiez et seellez
            (vers 1340)
         Pour la gent mon fil decevoir.
(18d) Or en alons Ø esbatre un  poy      (vers 930)
(18e) ... Et je feray pour toy .vii. tans / Que tu n’oseras Ø demander.                 
(vers 319)

4.3.3. Ellipse du COI

Le COI se prête à être sous-entendu, cf. le v. 1182, où le COI [vous] est non-exprimé[2]:

(18f) J’ay cy une lettre apportee

Dans le cas du verbe dire, par exemple, le COD est toujours exprimé dans notre texte, alors que le COI est souvent implicite.

4.3.4. Ellipse du Complément prépositionnel

Le verbe aider est un de ceux qui se combine avec un Complément prépositionnel, introduit soit de de (voir 18h), soit de a (voir 18g). Ce complément est parfois exprimé (18g-h), parfois sous-entendu (18i-j) – mais je le considère néanmoins comme membre valentiel - possiblement elliptique:

(18g) Que bien le m’aidez a parfaire (v. 1051)
(18h) … Diex m’en vueille aidier! (v. 282)
(18i) Dame, se Dieu me vueille aider (v. 40)
(18j)  Si lui plaist, vous aidera (v. 275)

4.3.5. Double représentation des membres valentiels

Le phénomène ”opposé” à l’ellipse est la double réalisation des membres valentiels. Citons le cas du verbe émerveiller, qui présente une double réalisation du complément prépositionnel aux vers 630-631: en et Du sens que Dieu a en lui mis:

(19a) Si que   chascun s’en esmerveille,
        Du sens que Dieu a en lui mis
.

Notes

[1] Voir la section 2. à propos de la notion de valence quantitative
[2] A la rigueur, on pourrait interpréter cy comme équivalent à un COI.

Références:

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