May Plouzeau, PercevalApproches, Chapitre 2 (§15-§67)
◊Chap2SuiteEtFin (§40-§67)

 

            Le Chapitre 2 est long parce que de nombreuses notions sont à mettre en place ; pour des raisons techniques, il est scindé en deux parties : ◊Chap2Début (§15-§39) et ◊Chap2SuiteEtFin (§40-§67). Voici le ◊Chap2SuiteEtFin (§40-§67).

sommaire

2.5.1.2. L’indicatif imparfait : modèle à apprendre. (§40)

§40

            Voici un modèle de conjugaison d’indicatif imparfait, écrit avec les graphies du TL. Le tiret (-) marque la séparation entre le radical (fixe) et les terminaisons (variables). Dans la première colonne, je marque la syllabation des terminaisons au moyen du signe “=” ; dans la deuxième, je marque la syllabation au moyen du tréma. Cette syllabation est celle de PercL, qui ne connaît pas de réduction d’hiatus dans les terminaisons d’indicatif imparfait ; je marque en MAJUSCULES la partie tonique des formes : faites bien entendre cette partie tonique. Nous verrons dans un deuxième temps les variantes de PercL par rapport à ce tableau. Je prends arbitrairement comme modèle +partir, qui est du troisième groupe.

               

utilisation du signe “=”

utilisation du tréma

part-OI=e

part-OIë

part-OI=es

part-OIës

part-OIT

part-OIT

part-i=IENS

part-iIENS

part-i=IEZ

part-iIEZ

part-OI=ent

part-OIënt

 

            La deuxième colonne, qui constitue un modèle de récitation, est à apprendre par cœur. J’ai choisi à la personne 4 la terminaison iiens ; mais on peut trouver aussi bien ïons ; Guiot utilise les deux types (voir infra ◊Chap2 §41) ; les textes qui présentent des occurrences à la rime ou à l’assonance permettent de préciser que iiens rime en iens tandis que ïons rime en ons49, c’est pourquoi je normalise mes graphies respectivement en iiens et en ïons. Quand on est latiniste et que l’on maîtrise la phonétique historique, on démontre que la terminaison iiens est plus proche de l’origine latine que ïons.

 

            Vous conjuguerez donc sur le même modèle les verbes du premier groupe, comme +chanter ou +cuidier (ceci s’éclairera plus tard), inf. chant‑er, je chantoie et inf. cuid‑ier, je cuidoie et ceux du deuxième groupe, comme +fenir, inf. fen‑ir, donc en ir, mais avec infixe [is] écrit iss‑ à l’infectum, d’où je fenissoie.

 

 

2.5.1.3. Indicatif imparfait et variation dans PercL. (§41)

§41

            Nous allons examiner les effets de la variation chez le copiste Guiot autour de ce modèle.

 

            P1 de l’indicatif imparfait dans PercL v1301-v3304.

 

  “/./
ne cuidoie c’or an cest point                    
d’itel chose li sovenist.                             
D’el cuidoie qu’il li tenist                        
/./.”

“/./
tot autresi com je soloie                           
le chaceor, quant je l’avoie                      
/./.”

“/./
le chevalier qu’avoie mort,                      
/./.”

“/./
Itant a dire vos avoie.                               
/./.”

“/./
et je cuidoie que il fust                             
/./.”
v1368
v1369
v1370



v1383
v1384



v1391



v2033



v2775
 

 

            Si vous syllabez, vous voyez qu’il faut bien lire partout oi=e.

 

            P2 de l’indicatif imparfait dans PercL.

            Aucun exemple dans PercL v1301-v3304 ! Mais dans le reste du texte, nous en trouvons pas mal. On lit donc par exemple :

 

  “/./
se voloies a moi lancier                              
/./.”

“/./
Et ne porquant, se tant valoies,                
/./.”

“/./
Se tant t’an voloies pener                         
/./.”
v268



v6469



v6471
 

            Etc. Si vous syllabez, vous voyez qu’il faut bien lire partout oi=es (et il en va ainsi dans l’ensemble de PercL).

 

            P3 de l’indicatif imparfait dans PercL v1301-v3304.

            Elle est toujours monosyllabique en oit, comme dans l’ensemble de PercL ; le passage étudié ◊Chap2 (PercL v1301-v) en fournit de nombreuses attestations.

 

            P4 de l’indicatif imparfait dans PercL v1301-v3304.

            Aucun exemple. Il faut recourir à l’ensemble de PercL et également aux terminaisons du tiroir conditionnel ( je vous rappelle que ces deux tiroirs ont les mêmes terminaisons, cf. ◊Chap1 §5 : il n’est pas interdit de se servir de l’un pour éclairer l’autre dans une question de morphologie), pour trouver en tout et pour tout trois exemples :

 

  “/./
Se nos alions tuit ansanble                         
/./.”

“/./
qui si buer estions or nees,                       
/./.”

“/./
Nos devrïens estre an esfroi                     
/./.”
v161



v8208



v8932
 

            On voit que dans ces trois attestations la voyelle imprimée i‑ ou ï‑ de la terminaison occupe une syllabe entière et l’on notera que Félix Lecoy n’a pas jugé bon de nous indiquer la syllabation de ions, où il n’a pas mis de tréma : à nous d’être vigilants. Par ailleurs, faute d’exemple en rime, et si nous n’avions pas d’autre texte, nous ne saurions pas quand il faut lire [i] ou [ij] : voyez les réponses plus haut dans le présent ◊Chap2 §40. Incidemment cet exemple nous montre la quantité de réflexion qui préexiste au choix des formes que nous retenons pour nos mises en tableaux. Si mes propres tableaux ne sont pas très fournis, c’est que j’opère des choix.

 

            P5 de l’indicatif imparfait dans PercL v1301-v3304.

            Voir l’étude conduite ◊Chap1 §5, et méditer de nouveau le travail qui préexiste à une mise en tableaux de formes. Les curieux trouveront des informations supplémentaires sur la personne 5 de l’indicatif imparfait de Guiot dans PlouzeauPerceval50.

 

            P6 de l’indicatif imparfait dans PercL v1301-v3304.

 

  /./
qu’avis li fu qu’eles nessoient                  
et que fors del chastel issoient.                 

/./
don li quarrel estoient dur,                       
/./.

/./
qui mout estoient forz et beles.                

v1323
v1324


v1332



v1334
 

            Etc. La désinence est écrite oient dans l’ensemble de PercL, et se syllabe partout oi=ent.

 

 

2.5.2. La déclinaison des noms, adjectifs et participes. (§42, §43, §44, §45, §46, §47, §48, §49, §50, §51, §52, §53, §54, §55, §56, §57, §58, §59, §60, §61, §62, §63)

 

2.5.2.1. La déclinaison des noms, adjectifs et participes : généralités. (§42)

§42

            Nous allons procéder, pour que vous ne vous fatiguiez pas, comme pour l’indicatif imparfait. Tout d’abord je donnerai des tableaux, dans la graphie normalisée du TL, et à apprendre par cœur. Dans un deuxième temps, nous ferons quelques remarques complémentaires sans oublier de nous intéresser à Guiot.

            Mais avant de consulter ces tableaux, voyez ce qui est dit plus haut ◊Chap2 §18.

            Le nombre de déclinaisons et leur numéro (première, etc.) changent selon les principes que l’on adopte51. Je continue de compter trois déclinaisons pour le genre masculin et trois pour le genre féminin, bien que ce système soit purement conventionnel. Je précise d’emblée que l’ancien français, en cela héritier du latin classique, n’a pas inventé de déclinaison à part pour les adjectifs ou pour les participes : le participe féminin chantee ou l’adjectif féminin bele se “décline” comme le nom féminin +rive, le participe masculin mis (verbe +metre) se “décline” comme le nom masculin +vis “visage”, le participe masculin chantant se décline comme le nom masculin +vent, etc. (de même qu’en latin b´onus se décline comme d´ominus et b´ona comme r´osa). Toutefois, pour ne pas vous troubler (peut-être) nous reviendrons sur adjectifs et participes au ◊Chap3, qui comportera donc en fait quelques d’exercices d’application.

            J’emploie indifféremment les termes base ou radical pour décrire les principes de la déclinaison.

            Il serait plus sûr d’apprendre à décliner un nom en l’accompagnant de l’article défini, mais, comme nous le verrons dans ce Chapitre 2, PercL offre des exemples d’emploi de cas vocatif singulier pour certains mots, ce qui engagerait à ne pas faire figurer l’article défini devant toutes les formes de la case CSS de certains tableaux. Pour ne pas compliquer, je n’ai pas introduit d’article, sauf ◊Chap2 §49. Sur les articles défini et indéfini, voir infra ◊Chap2 §64, §65, §66, §66a.

 

 

2.5.2.2. Première déclinaison masculine : le mur. (§43)

§43

 

            L’exemple du tableau, le mot +mur, est emprunté à PercL v1331°. Pour ce tableau, les graphies du TL coïncident avec celles de Guiot. Ce tableau est à apprendre par cœur.

 

CSS murs

CSP mur

CRS mur

CRP murs

 

            Remarque 1. Le principe de cette déclinaison est très simple : [s] final ajouté au radical pour le CSS et le CRP ; pas de [s] ajouté au radical aux autres cas. La présence ou l’absence de ce [s]52 introduit parfois des perturbations qui compliquent un peu le tableau ; il en sera question plus loin ◊Chap2 §55 et suivants.

            Remarque 2. Le français moderne n’a pas conservé de déclinaison pour les noms, adjectifs et participes. Il a en général gardé comme unique forme de singulier celle du CRS (mur) et comme unique forme de pluriel celle du CRP (murs), ce qui n’a rien d’étonnant : statistiquement, un mot ou un groupe nominal a plus de chances d’être complément que sujet.

            Remarque 3. Comment savoir si un mot relève du modèle le mur ? En relèvent tous les participes présents masculins, tous les participes passés masculins, tous les adjectifs masculins autres que ceux qui sont terminés par re et que les comparatifs et superlatifs synthétiques (sur ces derniers, voir ◊Chap2 §45) ; en ce qui concerne les noms masculins, relèvent de la première déclinaison tous ceux qui n’appartiennent ni à la deuxième ni à la troisième ; ce n’est pas une simple boutade, voyez infra les sections sur ces déclinaisons.

 

 

2.5.2.3. Deuxième déclinaison masculine : le frere. (§44)

§44

                        L’exemple mis en tableau, le mot +frere, est emprunté au passage PercL v1301-v1364. Les formes données dans le tableau sont écrites dans les graphies du TL (qui coïncident avec celles de Guiot pour +frere). Ce tableau est à apprendre par cœur.

 

CSS frere, freres

CSP frere

CRS frere

CRP freres

 

            Remarque 1. C’est la même déclinaison que la première SAUF éventuellement l’absence de [s] final au CSS.

            Remarque 2. Quels sont les mots relevant de cette déclinaison ? Pour le texte de PercL v1301-v3407, et sauf erreur de ma part, seulement des adjectifs masculins terminés par re et des noms masculins terminés par re et désignant des personnes53. Mais Attention !, certains mots masculins terminés par re au CSS appartiennent à la troisième déclinaison (voir infra ◊Chap2 §45). Voici quelques noms masculins de la deuxième déclinaison : +pere, +frere, +maistre54 ; voici quelques adjectifs masculins qui suivraient le principe de la deuxième déclinaison : +povre “pauvre”, +tendre, +senestre “situé à gauche” ; l’adjectif indéfini masculin +autre peut aussi relever de cette déclinaison.

            Remarque 3. Nous reviendrons sur le CSS : voir infra ◊Chap2 §49.

 

 

2.5.2.4. Troisième déclinaison masculine. (§45, §46, §47, §48, §49, §50)

 

2.5.2.4.1. Troisième déclinaison masculine : le seignor, etc. Tableaux et structure. (§45)

§45

            Les exemples des tableaux (+seignor, +graignor, +meillor et prodome) sont des mots qui se trouvent tous dans PercL. Les formes données dans les tableaux sont écrites dans les graphies du TL. Des notes signalent les écarts entre les graphies de Guiot et celles des tableaux. Ces tableaux sont à apprendre par cœur.

 

CSS sire, sires

CSP seignor

CRS seignor

CRP seignors

 

CSS graindre, graindres55

CSP graignor

CRS graignor

CRP graignors

 

CSS mieudre, mieudres56

CSP meillor

CRS meillor

CRP meillors

 

CSS prodom, prodon57, prodons

CSP prodome

CRS prodome

CRP prodomes

 

            Cette déclinaison doit vous sembler hétéroclite. En voici la structure. Les mots de cette déclinaison ont deux bases58 : celle du CSS d’un côté, et celle du CRS de l’autre. Sur la base du CRS est construit “banalement” le reste de la déclinaison, à savoir CSP et CRP, au moyen d’un [s] final ajouté ou non à cette base ; il est impossible de générer la base du CSS si l’on connaît seulement celle du CRS, et réciproquement ; il faut donc apprendre les deux bases des mots de cette déclinaison. La présence ou l’absence de ce [s] introduit dans certains mots des perturbations qui compliquent un peu le tableau ; il en sera question à l’occasion. Dans la majorité des mots relevant de cette déclinaison, la base du CRS a l’accent tonique décalé vers la droite par rapport à celle du CSS : graiGNOR en face de GRAINdre, seiGNOR en face de SIre. Quand on étudie latin et phonétique historique, le genèse des bases s’éclaire facilement. On trouvera des détails sur les mots relevant de cette déclinaison dans PercL plus loin dans le présent ◊Chap2 §46, §47, §48, §49, §50.

 

 

2.5.2.4.2. Troisième déclinaison masculine : quelques remarques. (§46)

§46

            Remarque 1. Les mots que j’ai mis en tableaux ◊Chap2 §43 à §45 se rencontrent tous dans PercL v1301-v3407. Il me semble que les mots relevant de cette déclinaison masculine ne sont pas très nombreux dans PercL v1301-v3407. Voici, sauf erreur, le reste des mots relevant de la troisième déclinaison masculine que contient ce passage. Dans la liste qui vient, j’écris les formes avec les graphies du TL. Les formes de PercL qui s’écartent de ces graphies sont signalées en note. Pour chaque mot de cette liste, j’indique dans quels vers du passage PercL v1301-v3407 il se réalise ; ces références sont exhaustives, sauf dans le cas de +ome, où les références aux numéros de vers sont donc suivies de la mention “etc.”. Pour chaque mot, je note le ou les CSS et le CRS : vous pouvez ainsi reconstruire l’ensemble de sa déclinaison.

            Cette liste comporte dans un premier temps deux groupes : celui des mots qui théoriquement n’ont qu’une forme au CSS (+conte et +garçon) et les autres, qui théoriquement peuvent présenter deux formes de CSS, l’une avec s de flexion et l’autre non. Dans un deuxième temps (§47, §48, §49 et §50), nous examinerons plus en détail le fonctionnement des CSS des mots du deuxième groupe.

            Voici d’abord les mots qui théoriquement n’ont qu’une forme59 au CSS : CSS cuens, CRS conte (+conte “comte”, cf. v3304°, v2786) et CSS garz, CRS garçon (+garçon, cf. v2570)60. Le s et le z appartiennent ici à la base même, contrairement à ce qui se produit pour les mots qui viennent.

           

            Voici maintenant des mots qui théoriquement peuvent présenter deux formes de CSS, avec s flexionnel ou non. CSS emperere(s), CRS emperëor (+emperëor “empereur”, cf. v3305) ; CSS fel et feus61, CRS felon (+felon, cf. v2799, v2808, v2813) ; CSS om (ou on : variante qui ne relève pas de la flexion casuelle), CRS ome (+ome “homme”, cf. v1910, etc., v1815, etc.)62 ; CSS peschierre(s), CRS peschëor “pêcheur” (+peschëor “pêcheur” cf. v3041)63. La liste, vu qu’elle est graphiée dans le système du TL et qu’elle note systématiquement deux types de CSS (en s ou non), ne prétend pas représenter le système qui se réalise effectivement dans PercL. On se fera une idée de ce dernier plus loin ◊Chap2 §47, §48, §49 et §50.

 

            Remarque 2. Comme il a été noté supra ◊Chap2 §45, la majorité des mots de la troisième déclinaison masculine déplacent leur accent tonique “vers la droite” (si l’on considère leur transcription dans une écriture qui se fait de gauche à droite) à partir du CRS ; cela est dû principalement au fait qu’en latin, pour les étymons de ces mots, qui se déclinaient, il y avait déplacement de l’accent tonique “vers la droite” à partir de l’accusatif singulier ; comme la place de l’accent est un facteur capital dans les évolutions phonétiques, on s’explique les divergences entre bases.

Exemple, le mot +emperëor, où j’écris en majuscules la voyelle tonique, que je fais en outre précéder d'un accent aigu graphique : nominatif masculin singulier imper´ator, accusatif masculin singulier imperat´orem, d’où ancien français CSS emper´ere, CRS emperë´or.

 Parmi ceux de la troisième déclinaison masculine notés jusqu’ici ◊Chap2 §45 et §46, les seuls mots qui ne présentent pas de déplacement d’accent sont les mots +ome, prodome et +conte.

 

            Remarque 3. Chaque fois que vous rencontrez un mot de la troisième déclinaison, demandez-vous ce qu’il est devenu en français moderne et interrogez-vous sur les causes de ce devenir. La plupart du temps, la base du CSS a disparu (cf. FM meilleur ou empereur), mais parfois, c’est la base du CRS qui a disparu (pas d’exemple parmi ceux des mots de la troisième déclinaison masculine commentés jusqu’ici §45 et §46 qui ont subsisté64), parfois enfin, les deux bases ont subsisté, en n’étant pas interchangeables au plan sémantique (cf. FM gars et garçon, sire et seigneur).

 

 

2.5.2.4.3. Troisième déclinaison masculine : la double forme du CSS. (§47, §48, §49, §50)

 

2.5.2.4.3.1. Généralités. (§47)

§47

            J’ai mis à part +conte et +garçon parce que dans leur CSS, respectivement cuens et garz, le s et le z appartiennent consubstantiellement au CSS, ne les ôtez pas !

 

            Nous allons maintenant nous intéresser aux noms masculins de la troisième déclinaison qui ont deux formes de CSS : une en s, que je vais appeler forme longue, et une sans s, que je vais appeler forme courte. Chez le copiste Guiot65, et pour certains mots, la répartition entre forme courte et forme longue ne se fait pas au hasard : elle est conditionnée par la fonction grammaticale des mots qui apparaissent au CSS : selon qu’ils se trouvent dans la sphère du sujet ou dans la sphère de l’apostrophe.

 

            Toutefois, pour pouvoir démontrer cela, nous devons travailler sur des mots dont notre texte offre des occurrences en grand nombre et dans ces deux sphères. Je précise que la faculté de répartir forme longue de CSS et forme courte de CSS entre les deux sphères ne se limite pas aux masculins de la troisième déclinaison : certains masculins du type +frere (cf. ◊Chap2 §44) et certains féminins du type +mer (cf. ◊Chap2 §51) présentent cette faculté ; mais dans le passage PercL v1301-v3407 (qui était le corpus imposé quand j’ai commencé à préparer ce cours), c’est sur des mots de la troisième déclinaison masculine que l’on peut étudier cette faculté ; c’est pourquoi je me bornerai à ces mots.

 

            Laissons de côté +graignor, qui ne se rencontre jamais au CSS dans PercL.

 

            Parmi les mots qui ne se rencontrent jamais dans la sphère de l’apostrophe dans PercL, nous avons +felon, +ome et prodome66 d’un côté et +meillor et +emperëor de l’autre. Nous ne pouvons donc pas étudier si la fonction influe sur la forme du CSS. Ce que je note, c’est que leur CSS est bien attesté, et, répondant toujours à des fonctions liées à la sphère du sujet. Ici, la situation devient intéressante : dans PercL, +felon, +ome et prodome ne prennent jamais de s flexionnel au CSS. Au contraire, +meillor et +emperëor prennent toujours un s flexionnel au CSS. Il y aurait lieu d’étudier en détail les occurrences dans leurs contextes pour trouver des facteurs permettant d’expliquer cette répartition. Je ne me livrerai pas à cette étude67.

 

            Comme la forme longue m’arrête, je vous donne des exemples de cette dernière.

 

Miaudres se trouve trois fois dans PercL, dont une dans le passage PercL v1301-v3407 :

 

  “/./
que ja en est li miaudres tuens,         
/./.”
v224368  


Empereres se trouve une fois dans PercL :

 

  De tel mangier que rois et cuens              
et empereres doie avoir                     
fu li prodom serviz le soir,                       
/./.
v3304
v330569
v3306

 

            Il faut souligner que ces deux occurrences ne sont pas commandées par des nécessités de mètre, puisque dans chaque cas la finale en es n’est pas à la rime, et qu’elle n’est pas non plus placée devant un mot commençant par une voyelle.

 

            Reste à examiner des mots qui présentent des occurrences relevant des deux sphères (sujet et apostrophe). Ils sont au nombre de deux : +peschëor, dont je réserve le cas pour plus tard (◊Chap2 §50), et +seignor.

 

 

2.5.2.4.3.2. Le CSS de +seignor dans PercL. (§48, §49)

 

2.5.2.4.3.2.1. Le CSS de +seignor dans PercL : enquête. (§48)

§48

            Voyons donc +seignor.

            Au singulier, le CSS se rencontre sous les formes sires et sire. Que fait Guiot ? Chaque fois qu’il n’est pas soumis aux impératifs de la versification, il écrit sires pour la sphère du sujet et sire pour la sphère de l’apostrophe.

            À dire vrai, les impératifs de la versification ne sont pas un carcan pour un copiste habile, qui remodèle sans peine l’intérieur du vers. Toutefois, nous allons mettre à part les cas où la forme du CSS est théoriquement celle qu’aurait voulue Chrétien : quand elle est à l’intérieur du vers devant une voyelle ou quand elle est à la rime. Voici donc d’abord des exemples d’occurrences où s’exercent en principe les contraintes de la versification.

 

  “/./
Or antandez, fet il, biau sire,                    
que mon mesage vos voel dire.                
/./.”
v2835
v2836
 
    (Traduction littérale, “Ecoutez donc, fait-il, cher seigneur, car je veux vous dire mon message”.)
  Li sire et li vaslez lavoient                       
lor mains d’eve chaude tempree,             
/./.
v3246
v3247

 
    On doit lire Li sir’ et li vaslez lavoient “le seigneur et le jeune homme lavaient”70.
  Et li sires an revesti                                  
celui qui leanz ert estranges                     
/./.
v3145
v3146

 
    (Traduction littérale, “Et le seigneur en revêtit celui qui en ces lieux était étranger”.)
  Li sires au vaslet comande                       
l’eve doner et napes traire.                       
v3242
v3243
 
    (Traduction littérale, “Le seigneur commande au jeune homme de donner l'eau et de tirer les nappes {c'est-à dire, sortir les nappes de l'endroit où elles sont rangées}”.)

            En dehors de ces cas de contrainte, s’il a le choix, Guiot traduit toujours la fonction de “chef” de groupe sujet par la forme longue sires (sauf dans certain emploi de mes sire, qui est discuté à la note 70 du ◊Chap2 §48). Voici toutes les attestations de la forme longue sires imputable à Guiot lui-même dans le passage PercL v1301-v3407.

 

  /./
qant li sires le vit venant,                         
/./.

Si richement apareilliee                            
la71 li a li sires bailliee,                         
/./.
v3093


v3153
v3154
 

            Mais dans la sphère de l’apostrophe, les occurrences que l’on peut imputer à Guiot lui-même sont exclusivement à la forme courte sire. Voici quelques attestations.

 

  Sire, ce m’anseigna ma mere.                
/./.”

“/./
Sire, ma mere m’anseigna                   
/./.”
v1359



v1398

 

 etc., etc.

 

 

2.5.2.4.3.2.2. Le CSS de +seignor dans PercL : synthèse. Sur le vocatif en ancien français. (§49)

§49

            En somme, s’instaure pour le mot +seignor sous la plume de Guiot une déclinaison qui au singulier oppose — si l’on employait la terminologie latine — vocatif et nominatif. Mise en tableau, elle se présente comme suit (exceptionnellement, j'accompagne le nom de l'article défini pour les cas autres que le vocatif) :

 

nominatif sg li sires

nominatif pl. li seignor

vocatif sg sire

vocatif pl. seignor

CRS le seignor

CRP les seignors

 

            Pour savoir comment ‘fonctionnait’ Chrétien, il faut se borner à retenir les formes qu’attestent la rime, le mètre, l’accord des manuscrits entre eux. Je ne mènerai pas cette étude.

 

            Un exemple illustre à la perfection la répartition de sire vs sires chez Guiot :

 

  Si richement apareilliee                            
la72 li a li sires bailliee,                         
et dist : “Biau sire, ceste espee                 
vos fu jugiee et destinee,                    
/./.”
v3153
v3154
v3155
v3156V

 

            Il est manifeste que le choix entre forme courte ou forme longue dans ce passage n’est pas conditionné par les impératifs de la versification.

 

            Précisons que Guiot n’est pas le seul à pratiquer ce système. Par exemple, une étude de MerlinMicha, convenablement menée, c’est-à-dire en comparant ce qui est édité avec ce que porte le manuscrit de base, apporterait beaucoup à ce sujet.

 

            Encore quelques petites remarques. N’oubliez surtout pas que dans le cas général, la fonction vocatif se réalise dans la forme du CS ; en particulier pour les noms communs masculins de la première déclinaison, elle se réalise dans la forme en s du CSS (Amis v1429, etc., etc.) ! Je reviens maintenant au vocatif. En ancien français à ma connaissance, le vocatif en tant que forme distincte ne se réalise pas au pluriel et en ce qui concerne les féminins, ne se rencontre guère73. C’est que le pluriel, est, dans les déclinaisons de l’ancien français, bien moins diversifié dans ses cas que le singulier (nous le verrons en abordant les féminins) : une masse indéterminée est moins facilement appréhendée de façon fine dans ses activités qu’un individu. Même au masculin singulier, Guiot n’a pas exploité la faculté de distinguer entre CSS et vocatif pour tous les mots. Pour ce qui intéresse PercL, on notera que cette faculté se réalise encore pour le mot +maistre (sauf contraintes rythmiques), nom masculin de la deuxième déclinaison74. Dans l’ensemble de la copie Guiot de Perceval, elle se remarque en fait surtout pour des mots masculins qui présentent le schéma nominatif singulier en res, vocatif singulier en re75. Dans ces conditions, rien ne s’oppose à ce que les formes de CSS miaudres et empereres commentées plus haut ◊Chap2 §47 s’opposent virtuellement à des formes de vocatif singulier sans ‑s : il se trouve simplement que PercL ne présente pas ces mots dans des contextes où ils seraient dans la sphère de l’apostrophe.

            Notons enfin que dans une déclinaison donnée, le vocatif quand il existe est la plus courte des formes, on ne lui adjoint pas de marque casuelle. Ceci ne doit pas nous étonner ; la fonction d’apostrophe ne se rattache pas au verbe ; par ailleurs, au plan de la longueur, l’apostrophe se rapproche de l’interjection, qui est très brève.

 

 

2.5.2.4.3.3. Le CSS de +peschëor dans PercL. (§50)

§50

            Revenons au mot +peschëor. Dans l’ensemble de PercL, il se réalise à deux endroits :

 

  “/./
ne sai s’est peschierres ou rois,                
/./.”
v3483  

            où le mot est dans la sphère du sujet de est, “je ne sais s’il est pêcheur”

 

et

   “/./
Peschierres, qui ce me deïs,               

trop grant desleauté feïs                           
/./.”
v3041V

v3042
 

 

 

            où le mot a la fonction grammaticale d’apostrophe “Pêcheur, toi qui m’as dit cela /./”. On préférerait lire peschierre, vocatif, pour grossir la liste des mots qui distinguent CSS de vocatif. Hé bien, il n’est pas impossible que dans le système de Guiot cette distinction fût réalisée : en effet, Peschierres v3041 est le produit d’une correction de la part de Félix Lecoy et l’intégralité de la forme ne peut être imputée à Guiot, puisqu'à cet endoit le manuscrit porte Chevaliers76.

 

 

2.5.2.5. Première “déclinaison” féminine : la rive. (§51)

§51

            NB. Je choisis le terme déclinaison pour des raisons de symétrie. Mais dans le tableau ci-dessous, il n’y a pas de marques de flexion casuelle.

            L’exemple du tableau, le mot +rive, est emprunté à PercL v1313°. Pour ce tableau, les graphies du TL coïncident avec celles de Guiot. Ce tableau est à apprendre par cœur.

 

 

CSS rive

CSP rives

CRS rive

CRP rives

 

Autrement dit, singulier rive, pluriel rives.

 

            Remarque 1. En fait, c’est déjà le système du français moderne : pas de flexion casuelle ! Et en particulier, pour les — nombreux — féminins qui relèvent de ce modèle, pas de jeu entre CSS et vocatif !

            Remarque 2. Quels féminins relèvent de ce modèle ? Exclusivement des mots terminés par e atone. Tous les adjectifs féminins terminés par e (en ancien français, certains adjectifs féminins ne sont pas terminés par e). Tous les participes passés féminins (ils se terminent tous par e). La quasi-totalité des noms féminins terminés par e (les exceptions appar­tiennent à la troisième déclinaison féminine, voir infra ◊Chap2 §53).

 

 

2.5.2.6. Deuxième déclinaison féminine : la mer. (§52)

§52

            L’exemple du tableau, le mot +mer, est emprunté à PercL v1330. Pour ce tableau, les graphies du TL coïncident avec celles de Guiot. Ce tableau est à apprendre par cœur.

 

CSS mer, mers

CSP mers

CRS mer

CRP mers

 

            Remarque 1. Qu’est-ce qui relève de ce modèle ? Exclusivement des mots non terminés par e atone, à savoir : tous les adjectifs féminins non terminés par e77 (exemple : grant, féminin de l’adjectif +grant “grand”) ; tous les participes présents féminins, qu’ils aient valeur verbale ou adjectivale (exemple : plaisant, “plaisant”, “plaisante”, du verbe +plaire), presque tous les noms féminins non terminés par e (ne sont exclus qu’un tout petit nombre, qui appartiennent à la troisième déclinaison féminine).

            Remarque 2. Pour les mots relevant de ce modèle, on a théoriquement le choix au CSS entre le type mer, ce qui produit en fait une absence de marques casuelles, et le type mers (ce qui veut dire qu’alors le mot se décline bien au singulier). Il est intéressant de faire des études auteur par auteur et copiste par copiste pour voir quel est leur système. Notons que dans le passage de PercL étudié ◊Chap2, notre Guiot, qui aime marquer les cas, oppose mer CRS (v1318, v1329) à mers CSS (v1330). Naturellement, les gens de loisir examineront, sur des exemples bien choisis, si se réalise au singulier une opposition entre nominatif avec s et vocatif sans s78.

            Remarque 3. Tous les féminins ont la même forme au CSP et au CRP, qui s’obtient par l’adjonction de [s] final à la base du CRS.

            Remarque 4. Le contact de [s] final avec le radical peut provoquer quelques perturbations ; il en sera question plus loin ◊Chap2 §55 et suivants.

 

 

2.5.2.7. Troisième déclinaison féminine : la nonain79. (§53)

§53

            Le passage PercL v1301-v1364 ne contient pas de mot de la troisième déclinaison féminine : les exemples des tableaux, +none et +meillor, sont empruntés à d’autres passages du texte. Ils sont écrits dans les graphies du TL ; je signale les écarts par rapport aux graphies de Guiot.

 

CSS none

CSP nonains

CRS nonain

CRP nonains

 

CSS mieudre80

CRS meillors

CRS meillor

CRP meillors

 

            Remarque 1. Structure. Les mots de cette déclinaison ont deux bases : une pour le CSS, une autre pour le CRS, sur laquelle se construit le pluriel par l’ajout d’un [s] final. On ne peut générer une base à partir de l’autre ; donc, apprendre les deux bases de chaque mot de cette déclinaison.

            Remarque 2. Relèvent de cette déclinaison : les comparatifs et superlatifs synthétiques féminins (sur le sens de synthétique, voir la note 55 du ◊Chap 2 ; exemple : +meillor “meilleur” donné supra dans le présent §53 ; attestations dans PercL : metre Meillor herbe v6692, CRS, a la mellor De totes les dames v4564°, CRS81) ; quelques noms propres ; un tout petit nombre de noms communs qui réfèrent à des êtres humains, dont les termes de parenté signifiant “sœur” et “tante” (aucun n’est attesté dans le passage PercL v1301-v1364) et le mot signifiant “religieuse” : nonain82 (représenté par le CRP nonains v1756 de PercL).

 

 

2.5.2.8. Remarque d’ensemble sur la déclinaison des noms, adjectifs et participes féminins. (§54)

§54

            Les noms, adjectifs et participes féminins ont une seule forme de pluriel, quelle que soit la déclinaison dont ils relèvent. Les femelles au pluriel sont une masse indifférenciée : un troupeau de brebis vs un bélier.

 

 

2.5.2.9. Perturbations susceptibles d’être causées par l’adjonction de [s] final : incidences sur la consonne finale de la base. (§55, §56, §57, §58, §59, §60, §61, §62, §63)

 

2.5.2.9.1. Perturbations : remarques d’ensemble. (§55)

§55

            La plupart du temps, cette adjonction ne bouleverse rien : cf. les modèles donnés supra ◊Chap2 §43 à §53. Mais parfois, en s’adjoignant à la base, [s] final peut agir vivement sur la consonne finale d’icelle : en l’éliminant, en se combinant avec elle et parfois en la transformant de ce fait, en la transformant sans se combiner avec elle, en la transformant d’une part tout en se combinant avec elle d’autre part.

            Pour décrire ces “perturbations” (le mot est plus pittoresque que grammatical), je m’exprimerai tantôt en termes de phonétique, tantôt en termes de graphie, et tantôt dans les deux modes à la fois, selon que ce sera possible et/ou opérant. En espérant rester claire. Le système décrit infra est celui du français central de la fin du 12e siècle ; dans mes exemples, je signalerai les endroits où les graphies de Guiot ne coïncident pas avec celles du TL. Si je ne fais aucune remarque pour un mot donné, cela signifie en principe que le TL et Guiot ont la même pratique.

 

 

2.5.2.9.2. Perturbations : incidences sur la consonne finale de la base : élimination. (§56)

§56     

            Si la base se termine par la consonne vélaire [k] ou [g], par la consonne bilabiale [p] ou [b] (le cas de [m] est examiné plus bas), par la consonne labiodentale [f] ou [v], cette consonne disparaît devant [s] final. En particulier, si le CRS d’un nom ou d’un adjectif se termine par c, p, f, toutes ces consonnes disparaissent devant s. Voici comme exemples des noms masculins de la première déclinaison, +marc “marc”, +sanc “sang”, +cerf “cerf”, +gap “plaisanterie” : le marc / les mars (cf. v1439), le sanc / les sans (cf. v1790°), le cerf / les cers (cf. v3269), le gap / les gas (cf. v2799°, v2808).

            Si le CRS d’un nom ou d’un adjectif se termine par rm, m tombe devant s. Voici comme exemple le nom masculin de la première déclinaison +verm “ver”: le verm / les vers ; pas d’exemple dans PercL v1301-v3407.

            Si le CRS d’un nom ou d’un adjectif se termine par il prononcé [il], les cas en s se terminent en théorie par is dans le français central. Voici comme exemple le nom masculin de la première déclinaison +fil “fil” : le fil / les fis83.

            Si le CRS d’un nom ou d’un adjectif se termine graphiquement par ul, les cas en s se terminent par us. Exemples : CRSm seul, CRPm seus (“seul” cf. v271984, v3129), CRSm nul, CRPm nus (qu’il soit pronom ou non, l’indéfini +nul peut suivre au masculin le principe de la première déclinaison85 ; voir par exemple v1301, v1379). Pour les mots en ul, comparer infra ◊Chap2 §58 sur les transformations de [l].

 

 

2.5.2.9.3. Perturbations : incidences sur la consonne finale de la base : combinaison : consonnes den­tales autres que l palatal et que n palatal86. (§57)

§57

            Si la base (ou le radical : j’ai tendance à employer ce mot lorsque je suis obligée de remonter au latin) se termine par une consonne dentale, le [s] final se combine avec cette dentale pour donner [ts] final, écrit z. Si le CRS d’un nom, d’un adjectif ou d’un participe se termine par t, ou par st, ces terminaisons deviennent z, aux cas en s. Si la base d’un mot se termine par [t] ou [d] “cachés”, par un [n] “caché” après un [t] ou après un autre [n], dans ces cas, la dentale “cachée” se combine avec [s] final pour donner [ts] final, écrit z. Voici maintenant des exemples : j’oppose simplement CRS et cas en [s].

            Voici des noms masculins de la première déclinaison, +bastonet, +chastelet, +conduit, +gort, +pont, +regort, +vaslet ; ce qui donne : bastonet / bastonez (cf. v1353°), chastelet / chastelez (cf. v1337), conduit / conduiz (cf. v1307°), gort / gorz (cf. v1328°), pont / ponz (cf. v1338°, v1340), regort / regorz (cf. v1320°), vaslet / vaslez (cf. v1301). Voici le participe passé masculin du verbe +faire présenté dans la graphie du v1344 : fet / fez. Et voici des noms de la deuxième déclinaison féminine : +cort, +nuit, +part : cort / corz (cf. v1364), nuit / nuiz (cf. v1346), part / parz (cf. v1315).

            Pour +arest “arrêt”, nom masculin, première déclinaison, et pour +forest, nom féminin, deuxième déclinaison, cela donne : arest / arez (cf. v1301°), forest / forez (cf. v1302°)87.

            Pour certains mots, le radical se terminait effectivement par [t] ou [d] dans l’étymon, mais aux cas sans [s], cette dentale a disparu de la prononciation et ne se voit plus dans la graphie. C’est donc ce que j’appelle une dentale “cachée” (n’omettez pas de guillemeter ; le syntagme dentale cachée n’a rien d’officiel, bien qu’il se soit répandu ; je l’utilise depuis la version de 1992 de PlouzeauMéthode.). Nous avons ce phénomène dans tous les participes passés masculins en é, ‑ié, ‑i, et u, lesquels relèvent tous de la première déclinaison masculine88 ; ainsi, lat. am´atum donne AF amé, mais lat. am´atus donne AF amez (verbe +amer “aimer”). Voici des exemples : pour +desafubler : desafublé / desafublez (cf. v1355) ; pour +establir : establi / establiz (cf. v1344°) ; pour +vestir : vestu / vestuz (cf. v1348). Nous avons aussi ce phénomène dans tous les noms féminins en traduisant des notions abstraites, lesquels relèvent de la deuxième déclinaison féminine.

Voici un exemple, le mot +bonté “bonté” : l’accusatif singulier lat. bonit´atem donne phonétiquement bonté, d’où bonté / bontez. Notez encore le nom masculin +pié (accusatif singulier lat. p´edem), de la première déclinaison : pié / piez (cf. v1316) ; noter aussi le masculin +lé (accusatif singulier lat. l´atum) : lé / lez (cf. v1305).

            En ce qui concerne +jor “jour”, nom masculin de la première déclinaison, dans certains manuscrits anciens, il est écrit avec rn aux cas sans s, conformément à l’étymon lat. di´urnum ; et que le radical se terminât bien par [n], c’est ce que montre un mot comme jornee (cf. v3113). Mais aux cas sans [s], notre Guiot écrit seulement jor ; on peut donc parler de dentale “cachée”, laquelle ressort aux cas en [s], jorz (cf. v1346, v1472). Il se produit dans PercL la même chose dans le nom féminin +tor “tour”, deuxième déclinaison, où le [n] du radical se retrouve dans le mot tornele (cf. v1333) : Guiot utilise le système tor / torz (cf. v1322, v1326)89.

            Exemple de [n] “caché” après un autre [n], +an “an”, de la première déclinaison masculine : l’accusatif singulier lat. ´annum donne phonétiquement an, et nous avons an / anz (cf. v5970°). (L’entrée du Gaffiot est bien entendu au nominatif singulier, ´annus.)

 

 

2.5.2.9.4. Perturbations : incidences sur la consonne finale de la base : transformations : [l]. (§58, §59)

§58

            Amené devant une autre consonne l se transforme en u après a, o, e90. En l’occurrence, [ls] devient [s], ce qui s’écrit : ls devient us ou x.

 

            Ainsi, à al correspondent aus, ax. Le CSS du nom masculin +cheval, de la première déclinaison, est chevaus/chevax (cf. v2451).

 

            Ainsi encore, en principe en françois, au CRS masculin col “cou”, de la première déclinaison, correspond le CSS cous/cox, et au CRS de l’adjectif masculin fol “fou” correspond le CSSm fous/fox (première déclinaison). Mais attention ! Chez notre copiste champenois, après le [] (o ouvert) de ces mots, le [l] devant [s] a subi une évolution particulière : il disparaît purement et simplement. Nous aurons donc chez lui comme cas en [s] de col et de fol au masculin respectivement cos (cf. v173891, v1778) et fos (cf. v2397°). (Lemmes : +col, +fol.)

 

            Les choses sont moins simples pour les noms et adjectifs en el, ainsi que pour +tel et +quel (les indéfinis +tel et +quel se déclinent au masculin sur le modèle le mur et au féminin sur le modèle la mer). En effet, dans ces mots, la graphie el cache trois sortes de prononciations, parce qu’en ancien français, il y avait plusieurs façons de prononcer ce qui est écrit e. Ces trois prononciations s’expliquent si l’on remonte au latin, car l’on retrouve pour chaque catégorie de son représenté par la lettre e respectivement trois sons différents.

Par exemple, chevel “cheveu” CRS vient de lat. cap´illum, et dans ce mot, el transcrit [el] ; le lemme du TL est +chevel. La forme chastel CRS vient de lat. cast´ellum, et dans ce mot, el transcrit [l] ; le lemme du TL est +chastel. Tel “tel” CRSm ou CRSf vient de lat. t´alem, et dans ce mot, el peut-être lu [e:l]92 ; le lemme du TL est +tel.

Une fois que le [l] placé devant [s] s’est transformé en [], ce [] se combine avec la voyelle qui le précède et peut aller jusqu’à en modifier le son. Ce qui nous donne trois types, qui auraient abouti respectivement à ceci en françois.

Pour +chevel (nom masculin, première déclinaison) : cas sans s chevel, cas en s cheveus/chevex ;

Pour +chastel (nom masculin, première déclinaison) : cas sans s chastel, cas en s chasteaus/chasteax ; pour l’adjectif +bel, qui au masculin se décline comme le mur : cas sans s bel, cas en s beaus/beax ;

+tel aurait pour cas en s tieus/tiex ; +quel aurait pour cas en s quieus/quiex93 (quand ils sont masculins, ces mots suivent le principe de la première déclinaison des noms masculins ; féminins, ils suivent le principe de la deuxième déclinaison des noms féminins94) ;

            Remarque 1. Comment prévoir quels seront les cas en s d’un mot en el ? Réponse : il faut tout d’abord apprendre par cœur les exemples donnés ci-dessus. Par ailleurs, la catégorie des types +bel, +chastel, est la plus nombreuse ; on peut la plupart du temps s’appuyer sur le français moderne : ces mots sont aujourd’hui en eau.

            Remarque 2. Et chez Guiot ? Vous pouvez apprendre et réciter les formes de mots en el données supra dans le présent ◊Chap2 §58 ; mais pour lire PercL, il vous faut aussi être en mesure d’identifier comment se comportent les trois el.

            Pour le el du type +chastel, amené devant [s] final, il aboutit à quelque chose qui est le plus souvent graphié iax dans PercL v1301-v3407. On aura donc par exemple pour le mot +chastel (nom masculin qui se décline en suivant les principes de la première déclinaison) : CRS chastel, CSS chastiax (cf. v1325, v1335). Ce trait n’est pas étroitement régional95.

            Pour le el du type +tel, où le e provient d’un a tonique libre latin, la forme en ‑s est toujours écrite tex (cf. par exemple v1573, v1834°, v2117) dans +tel, et quex (cf. v1397) dans +quel ; elle est toujours écrite ostex dans +ostel (l’accusatif singulier lat. hospit´alem donne ostel96). Ces formes ne sont pas étroitement régionales.

            Quant au el du type +chevel, j’ai examiné comment se réalise ce mot dans l’ensemble de PercL v1301-v3407 ; on trouve seulement chevol v2795 CSP et chevox v1809 et v2370 CRP ! Ce sont des formes régionales.

 

 

§59

            Si le mot se termine en uel aux cas sans [s], la transformation de [l] en [] réagit sur la prononciation de ce qui est transcrit ue et les cas en [s] devraient apparaître en françois sous la forme ieus/‑iex pour se conformer aux lois de l’évolution phonétique. Par exemple pour le mot +duel “douleur”, nom masculin, première déclinaison : duel / dieus. Mais en fait dans PercL, ce couple se réalise sous la forme duel / diax (cf. par exemple v1583 et v1862). Si la graphie (comme il arrive souvent !) traduit ici la prononciation, nous constatons que Guiot exagère les contrastes d’aperture entre deux sons vocalique contigus : vous avez certainement appris que a est la plus ouverte des voyelles.

 

            Pour les mots en ul, tout se passe comme si *‑uus se simplifiait en us, et les cas en s sont en us : voir supra ◊Chap2 §56.

 

            Pour les mots en il, il n’y a en principe en françois pas non plus trace de [] ; mais Guiot ne suit pas cette façon de prononcer partout : il semble qu’on aboutisse à iux si la graphie il traduit un [l] non palatal (voir supra ◊Chap2 §56).

 

 

2.5.2.9.5. Perturbations : incidences sur la consonne finale de la base : combinaison : transformation et combinaison : l palatal et n palatal. (§60, §61)

§60

            Si le radical se termine par [] (l palatal, en termes de phonétique articulatoire, phonème qui a disparu du français moderne mais qui existait en ancien français, phonème que l’on entend encore dans it. moglie, esp. calle), qui est la plupart du temps rendu en françois dans la graphie par il, ce [], qui est articulé juste derrière les dents, qui est dental, se combine avec [s] final pour donner dans un premier temps [lts] final, lequel se transforme à son tour en [ts] final.

            Ainsi, et n’oubliez pas que j’utilise le système graphique du TL, à ail correspond auz, à eil correspond euz , à oil correspond ouz. Exemples de noms masculins de la première déclinaison, respectivement +travail, +conseil, +soleil, +genoil “genou” : le travail / les travauz, le conseil / les conseuz, le soleil / les soleuz, le genoil / les genouz. Exemple d’adjectif masculin qui suit le principe de la première déclinaison : pour +vieil “vieux” : vieil / vieuz.

            Dans le cas particulier de ueil, la transformation de [l] en [] réagit sur la prononciation de ce qui est transcrit ue et les cas en [s] sont en ieuz. Exemple de nom masculin de la première déclinaison, +ueil “œil” : l’ueil / les ieuz ; le français moderne conserve cette forte variation : œil / yeux.

            Dans le cas particulier de il prononcé [i], à il correspond iz. Exemples de noms masculins de la première déclinaison, +fil “fils”, et +peril “danger” : le fil / les fiz et le peril / les periz.

 

            Si le radical se termine par [] (n palatal), ce [] amené à la finale absolue est rendu par ng (graphie à la TL !) et les cas en [s] sont en [nts], écrit nz. Exemple de nom masculin de la première déclinaison, +poing “poing” : poing / poinz.

 

2.5.2.9.5.1. Remarque : et chez Guiot ? (§61)

§61

            Que deviennent ces formes en l palatal et en n palatal chez notre champenois Guiot ? Tout d’abord, il est temps de relever que si [] amené devant une consonne se transforme en [], graphiquement il peut arriver (pour diverses raisons, en particulier peut-être pour maintenir le sens d’un radical unique dans une famille de mots), que l’on continue à écrire l.

            À vrai dire, les mots +travail, +genoil, +vieil, ne se rencontrent pas dans le passage PercL v1301-v3407.

            Cela dit, si on examine l'ensemble de PercL, on constate que mot +vieil ne  se rencontre ni au CSSm ni au CRPm ; que le mot +travail se réalise exclusivement dans  travail CRS v7704 et dans  travalz CSS v8708 ; et que le mot +genoil se rencontre seulement au CRP, et toujours écrite genolz (exemple : v3721).

            Les mots du genre +conseil, +soleil, se réalisent chez lui en oil / ‑auz. Vous reconnaissez dans auz à la place de euz une notation qui montre la tendance à exagérer les contrastes d’aperture entre sons vocaliques contigus qui a déjà été mentionnée (cf. supra ◊Chap2 §59). Ce qui nous donne les couples consoil / consauz (cf. v1413, v2395), soloil / solauz (cf. v2619, v3217), et pour l’adjectif +vermeil au masculin : vermoil / vermauz (cf. v1822).

            Et que devient chez lui le mot +ueil ? Il se réalise comme suit : d’un côté au CRS et au CSP uel (cf. v1817°, en composition) et oel (cf. v1494°, v1818°) et de l’autre au CSS et au CRP ialz, dont voici un exemple :

 

  Il covient a toz les mestiers                      
et poinne et cuer et ialz avoir :          
par ces .III. puet an tot savoir.                  
v1462
v146397
v1464
 

(Traduction littérale, “il faut pour tous les métiers avoir peine et cœur et yeux : par ces trois choses on peut tout savoir”.)

 

            Chez notre copiste, qui exagère les contrastes d’aperture entre deux éléments vocaliques consécutifs, on notera que le mot qui signifie “mieux”, résultat de lat. m´elius, est écrit mialz98 ; voici un exemple (notez la rime) :

 

  “/./
s’ostez les lermes de voz ialz.                  
Dex, se lui plest, vos donra mialz            
demain que vos ne m’avez dit.                
/./.”
v2049
v2050
v2051
 

(Littéralement “ôtez les larmes de vos yeux. Dieu, s’il lui plaît, vous donnera mieux demain que vous ne m’avez dit”.)

           

            Quant aux mots comme +peril et +fil “fils”, le premier ne se trouve que sous la forme peril ; le second se réalise dans le couple fil (cf. v2151°) / filz (cf. v371 ; cette forme n’est pas attesté dans PercL v1301-v3407).

 

            Par ailleurs le mot +poing a l’obligeance de se comporter comme dans la description donnée ci-dessus : poing (cf. v3165°) / poinz (cf. v1512).

 

 

2.5.2.9.6. Perturbations : mots invariables. (§62)

§62

            Si le mot se termine aux cas sans [s] par s ou par ‑z, c’est-à-dire respectivement par [s] ou par [ts], si l’on ajoute [s] final, cela ne change rien à la prononciation du mot : il est invariable. Exemples : bois “bois”, nom masculin : *boiss ne se trouve pas, mais on a bois (TL +bois) ; même chose pour mis, participe passé masculin de +metre ; même chose pour chauz “chaux”, nom féminin (cf. v1339°, TL +chauz).

 

 

2.5.2.10. Encore un mot sur la déclinaison des noms, adjectifs et participes : synthèse, exercices proposés. (§63)

§63

            Si vous aimez les synthèses, vous pourrez préférer une grammaire qui au lieu de parler de “perturbations” en les mentionnant par le biais des déclinaisons, comme je l’ai fait, étudiera globalement la phonologie de l’ancien français avant de l’appliquer à la flexion casuelle et aux conjugaisons99. Pour ma part, je préfère procéder petit à petit à partir d’exemples concrets.

            Il ne vous sera pas difficile de dégager les grands principes des déclinaisons qui ont été présentées : pour de nombreux mots, tout se joue sur la présence ou l’absence de [s] final, et ces marques portent à la fois des indications de cas et de nombre. Ainsi, hors contexte, il est impossible de savoir si mur est un CRS ou un CSP. Notons enfin que ce que masque la présentation adoptée, c’est qu’en fait, pour la catégorie des noms, adjectifs et participes, un assez grand nombre de mots ne portent aucune marque de flexion casuelle, dès l'ancien français.

            Soulignons enfin que nous sommes avec Guiot et Chrétien chez deux personnes qui maintiennent fermement le principe de la déclinaison. Ce qui peut nous aider à comprendre le texte. Par ailleurs, vous pouvez être déconcertés par les réalisations multiples qu’induit la variance graphique. En lisant bien Perceval dans le texte, vous vous ferez vite au système de Guiot, qui est passablement régulier. Enfin, quand on a bien compris les principes des déclinaisons, on se rend compte que rien n’est très difficile, et surtout pas de savoir décliner soi-même ce que propose l’enseignant, à qui il incombe non de charger la mémoire des étudiants, mais de leur proposer des exercices qui font du sens.

            Vous allez donc décliner au singulier et au pluriel le syntagme quarrel dur (cf. v1332, je le cite au CRS) dans les graphies du copiste Guiot et dans les graphies du TL ; et par ailleurs les syntagmes tornele fort et bele (cf. v1333-v1334, je cite au CRS), pont torneïz (cf. v1343, je cite au CRS), nul arest (cf. v1301, je cite au CRS) dans les graphies du TL (lesquelles coïncident pour ces mots avec celles de Guiot). Des réponses se trouvent ◊Chap3 §68.

 

 

2.6. Morphologie et syntaxe : un mot sur l’article. (§64, §65, §66, §66a)

 

2.6.1. L’article défini +le la les. (§64, §65)

 

2.6.1.2. L’article défini (sauf phénomènes dits d’enclise). (§64)

§64

            L’article défini. L’article défini masculin porte des marques casuelles, tandis que l’article défini féminin n’en porte pas, du moins dans PercL100, qui sur ce point a l’usage françois. Voici mis en tableau comment se présente l’article défini masculin, puis féminin : j’intègre l’article dans un groupe nominal.

 

            Masculin.

 

CSS li murs

CSP li mur

CRS le mur

CRP les murs

 

            Féminin.

 

CSS la rive

CSP les rives

CRS la rive

CRP les rives

 

 

            Ces tableaux n’incluent pas de formes élidées et ni de formes contractées. Voici la présentation des formes élidées dans PercL.

            Le, CRSm et la, féminin singulier, s’élident obligatoirement en l’ devant un mot commençant par une voyelle ou par un h‑ purement graphique (h muet). Exemples de CRS avec les mots +escu m. (première déclinaison), +aube f. (première déclinaison), +ore “heure” f. (première déclinaison) et +ome “homme” m. (troisième déclinaison) : l’escu v1427°, l’aube v3115, l’hore et l’home ; ces deux derniers exemples ne proviennent pas de PercL101.

            Mémorisons cela au moyen d’exemples. Je prends les mots +aube et +escu, déclinés avec les graphies du TL, qui coïncident avec celles de Guiot.

 

l’aube, féminin, “l’aube”

l’escu, masculin, “le bouclier”

CSS l’aube

CSP les aubes

CSS li escuz102

CSP li escu

CRS l’aube

CRP les aubes

CRS l’escu

CRP les escuz

 

 

2.6.1.3. L’article défini : phénomènes dits d’enclise. (§65)

§65

            Devant un mot commençant par une consonne (n’oublions pas h‑ “aspiré”) et placé après les prépositions 103, +de, +en104, la forme le (CRSm) se combine avec ces prépositions pour donner dans PercL respectivement au, del, el. La forme les (féminin pluriel et CRPm) se combine avec ces prépositions pour donner dans PercL v1301-v3407 respectivement as, des, es aussi bien devant consonne que devant voyelle. On parle souvent dans ces cas de phénomène d’enclise. Voici des exemples, pour la plupart extraits des passages commentés ◊Chap2 § 19 et suivants.

 

  /./
si que l’eve au pié li batoit.                      

/./
et vit les torz del chastel nestre,                
/./.

/./
si com avez oï el conte.                            

v1316


v1322



v1376
 
    (Littéralement “ainsi que vous avez entendu dans le conte”.)
  /./
vint as fenestres de la sale                        
/./.

“/./
Clamadex des Illes a non,                        
/./.”
v1721



v2774
 
    (Traduction, “il s’appelle Clamadeu des Îles”.)
  /./
tant que es terres plainnes vint                 
/./.”
v1303  

2.6.2. L’article indéfini +un105. (§66)

§66

            L’article indéfini masculin se décline comme suit : CSS uns, CRS un, CSP un, CRP uns. Au féminin, nous avons au singulier une et au pluriel unes. Cet article ne s’emploie guère au pluriel que pour des mots désignant des objets allant par paires ou par groupes, par exemple, unes armes “des armes”, “un ensemble d’armes” (bouclier, casque, cotte de mailles, etc.). Voici des exemples avec +arme, +mot, +revelin.

 

  /./ altant valt uns moz come vint.              v2679  
    (Exemple de CSSm ; littéralement “un mot vaut autant que vingt”.)
         /./ de Biaurepaire issi                        
armez d’unes armes vermoilles.               
v2384
v2385
 
    (Traduction, “il sortit de Beaurepaire ayant revêtu des armes vermeilles”.)
  /./
uns revelins avoit chauciez,                       
/./.
v602  
    (Traduction, “il avait chaussé une paire de revelins”.)

2.6.3. Article et substantivation106. (§66a)

§66a

 

            Un article précédant un infinitif transforme cet infinitif en nom. Exemple :

 

  au parler le conut et sot — v1362  

                  

(Traduction littérale, “il s’en rendit compte et le sut au parler”, c'est-à-dire, “à la façon de parler de Perceval”.)

 

            Noter

  As dras vestir plus ne repose,                  
/./.
v1618  

As est l’enclise de + les alors que régit l’infinitif vestir. On peut traduire “il ne tarde pas davantage à mettre les vêtements”.

 

 

2.7. Vers le Chapitre 3. (§67)

§67

            N’omettez pas de faire les exercices proposés ci-dessus ◊Chap2 §38 et §63. Dans le Chapitre 3, sera travaillé le passage v1737-v1823 ; vous feriez bien de préparer seuls la traduction d’une vingtaine de vers en vous aidant du ◊Glossaire et des données du présent chapitre.

 

Fin du Chapitre 2, Suite et Fin, de May Plouzeau, PercevalApproches
◊Chap2SuiteEtFin Fin

Dernière correction : 16 avril 2007.
Date de mise à disposition sur le site du LFA : 16 avril 2007.

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