Classement des manuscrits

Introduction

La tentative de classement des manuscrits, on le sait, est souvent compliquée par la coutume des scribes de puiser à des sources différentes (consultatio et contaminatio) et d'intervenir dans les textes (innovatio), par les fautes inévitables qu'engendre tout travail de copie, par l'interférence de la tradition orale et, enfin, par la notion de l'original multiple. Le dépistage des nombreuses variantes à la lumière des liens de parenté codicologiques éventuels est pourtant utile et même essentiel dans la mesure où il permet de contrôler le manuscrit de base et de répondre à des questions reliées aux attributions des textes. Comme aucun des chansonniers ne fournit des textes originaux sortis de la plume de l'auteur, on a affaire à des copies, des interprétations plus ou moins synchroniques ; il s'agit dès lors de choisir parmi ces témoins un texte cohérent et sans trop de fautes, peu importe la place qu'il occupe dans l'échelle de la transmission. Ajoutons à cela que l'âge d'un manuscrit ne prouve rien quant à la valeur du texte. Ce qui nous intéresse en premier lieu est le groupement sur le plan horizontal, mais en cas de besoin, nous nous pencherons également sur la hiérarchie des témoins, sans, toutefois, vouloir dresser des stemma codicologiques.

En général, la tradition manuscrite de l’œuvre de Raoul reflète le classement traditionnel, reconnu depuis la publication de l’ouvrage de Schwan (Schwan). La famille sI comprend les groupes MTR2 (picard) et Za (arrageois), sII les sous-groupes KNPXV, BR3 (picards) et OS (bourguignon / picard) et sIII les sous-groupes F (picard), CU (lorrain) et H (italianisé). Aucun des manuscrits ne donne toutes les chansons qu'on peut attribuer à Raoul et l'ordre de présentation des chansons diffère d'un manuscrit à l'autre. À cela s’ajoute un problème assez unique d’attribution : deux manuscrits (N, Me) attribuent toutes les chansons à un certain Thierri de Soissons, personnage dont nous n’avons pu retrouver aucune trace (cf. la section Le cas de Thierri) ; MTPX prêtent ces mêmes chansons à Raoul, tandis que K en attribue certaines à Raoul et d’autres à Thierri. Le ms V, qui regroupe les chansons par auteur sans donner de nom, présente deux groupes de chansons que d’autres manuscrits attribuent à Raoul ou à Thierri, groupement qui implique une attribution à deux trouvères différents et donc un modèle semblable à celui de K. Ce problème d'identité fournit néanmoins des indications par rapport à la filiation des mss.

Devant ce réseau embrouillé de filiations et d’attributions, toute tentative de découvrir une filiation régissant l'ensemble des textes est vouée à l'échec. Toutefois, l'analyse des variantes (leçons / fautes / ordre de strophes communs) de chaque chanson permet d'établir un groupement général des manuscrits, confirmé par la distribution des chansons et leur place dans les manuscrits. Reste le problème de l'ordre : comment organiser la présentation de toutes les données que nous avons relevées à la suite de l'examen des manuscrits et de l'analyse de la varia lectio?

S'il est vrai que les filiations codicologiques peuvent différer d'un auteur à l'autre, on est pourtant en droit de se demander comment juger de l'attribution des chansons sans avoir recours à un groupement de mss qui se dégage de l'examen de l'ensemble des chansons attribuées, incluant celles que l'on finit par rejeter. Aussi avons-nous opté pour l'approche suivante :

  1. classement de tous les mss qui renferment des chansons attribuées à Raoul ou Thierri ;
  2. cétermination de l'authenticité des attributions à Raoul ou Thierri à la lumière du classement établi (voir la section Attribution des chansons) ;
  3. choix des manuscrits de base.

Classement

La famille sI

Le sous-groupe MTR2 se distingue nettement des autres mss, ainsi que le montre l'omission du vers 41 dans R1267. Notons également les cas suivants :

R1267 v. 44 MTR2   Et, que plus m'art, mainz me puet la mort rendre
KNPXVCUH   Et quant plu m'art, mains puet l'amor remaindre
R2063 v. 12 MTR2   C'onques mon cors ne pot a ce mener
KNPXVCH   C'onques mes cuers ne pot a ce mener
R2063 v. 52 MTR2   Ha, franche rien, de qui fais ma chançon
KNPXV   Ha, douce riens, dont je faz ma chançon

Dans le cas de R2063, MTR2H sont unis par l'ordre strophique :

MTR2H   I, II, III, IV, V, VI, E (l’envoi manque dans R2 et H, la str. V manque dans H)
CU   I, IV, II, V              (U ne donne que la première str.)
KNPVX   I, II, III, V, VI, E     (l’envoi manque dans KXV)

Comme le montre la table dans la section Distribution, MTR2 ne renferment que R1267 et R2063, dans le même ordre ; MT y ajoutent R1911 qu'ils placent ailleurs et attribuent à Guillaume le Viniers. M est le seul membre du groupe à donner R1885, chanson qu'il partage avec CUOFR3V.

L'on peut constater en somme que MTR2 forme un groupe assez homogène.

Le ms. a, qui appartient généralement à la même famille que MTR2, ne partage avec eux que la chanson R1911 et est en outre le seul membre de la famille à donner R2107 (la combinaison de R2107 et R1911 ne se rencontre effectivement que dans K). Les rapports qu'entretient a avec MT sont cependant assez évidents :

R1911 v. 3 MTa   Ne li miens chanz fenis
KO   Ne li miens chanz failliz
v. 14 MTa   Et lor cruauté et lor vilenie
KO   Lor cruauté et lor felonnie(vers hypomètre)

Le ms. Z renferme une seule chanson que d'autres mss attribuent à Raoul, à savoir R1885 (qui n'est pas dans TAR2. Nous n'avons relevé qu'une seule variante qui puisse éclairer le rapport qui relie Z avec les autres témoins : MZVR3 donnent guiler contre OCUF fauser au v. 10. D'après ce qui précède, il faut conclure que si Z et a sont reliés à MTR2, ils s'en écartent pourtant. Comme l'a fait remarquer Steffens, Z et a semblent avoir été compilés un peu par hasard (Gelegenheitssammlungen) [2] ce qui pourrait expliquer pourquoi leur répertoire s'éloigne ici de celui de MTR2.

La famille sII

Le ms. B ne constitue qu'un fragment, renfermant 20 chansons dont 14 sont du Roi de Navarre. En général, il se range dans le camp de R3, mais les deux mss n'ont qu'une seule chanson de Raoul en commun : R363. Pour cette dernière, BR3K sont unis contre NX et V par l'ordre des strophes (séquence d'après B) :

BR3K   I, II, III, IV, V, VI, E (la str. VI et l’envoi manquent dans KR3)
NX   I, II, IV, V, VI, E (la str. VI manque dans X)
V   I, II, IV, III, V, VI, E

Voici d'autres leçons qui unissent les deux mss :

R363 v. 1 VXBR3   A la plus sage et a la mieus vaillant
KN   A la plus sage et a la plus vaillant
 v. 14 BR3   Pour ce la veil seur totes honorer
KNXV   Por ce la vueil sur toutes aorer

Dans R1204, la leçon de B est presque identique à celle de N, tandis que V (qui ne transmet que les trois premières strophes) donne de nombreuses leçons qui lui sont propres. BR3 se révèle ainsi comme un sous-groupe relié à KNPXV.

S et O, bien que généralement apparentés, ne partagent aucune chanson attribuable à Raoul, ce qui nous empêche d'évaluer la parenté de ces deux mss. L'on peut noter que la rédaction de R2107, la seule pièce de Raoul transmise par S, s'apparente le plus souvent à celle de KNPXV, mais la tradition manuscrite de cette chanson ayant connu des perturbations majeures, l'analyse des variantes ne conduit pas à des conclusions très sûres. Il est intéressant de noter que O et Me sont les seuls manuscrits appartenant à la famille sII à donner la chanson R1154, dont O ne transmet que la première strophe (Me renfermait au moins trois couplets). Il en va de même pour R1885 (dans V) et R1911 (dans K) dont O ne donne que les deux premières strophes. En fait, les deux autres mss à donner la combinaison de R1885 et R1911 sont C et M. O donne de nombreuses leçons qui lui sont propres, et bien qu'il se range en général dans le camp de KNPXV, l'analyse des variantes ne laisse aucun doute sur son indépendance par rapport aux autres membres de la famille.

Les mss KNMePXV sont apparentés de près, comme on le sait. Des divergences se laissent cependant déceler à l'intérieur du groupe, surtout par rapport à V, qui donne un grand nombre de leçons qui lui sont propres. A titre d'exemple, citons R363 : sur 68 vers, V s'écarte de tous les autres témoins à 15 reprises (22% des cas). Signalons également un cas où V s'oppose aux autres témoins par l'ordre des strophes :

R2107 (ordre des strophes d'après U) :

UKNPRXaFMetz   I, II, III, IV, V, VI (la dernière strophe manque dans KNPRXa ; F et Metz ne donnent que les trois premières strophes )
S   I, II, III, IV, VI  
C   I, II, IV, III, VI  
V   I, II, IV, III, VI,V  

Schwan estime que V est plus proche de « l'original » que les autres mss (114) ; il semble cependant qu'un certain nombre des lectiones difficiliores peuvent s'expliquer par l'innovatio du scribe plutôt que par des considérations d'ordre généalogique :

R363 v. 15 KNXRB   Et mains jointes prier en souspirant
V   Et prier li merci en soupirant
R1267 v. 2 KNPXCUHMTR   Pour (De) cele riens el mont que plus(muels) voudroie
V   Pour cele rienz el mont que plus amoie

Par ailleurs, il est intéressant de noter que N s'accorde presque toujours avec K ou V. Citons R2106, dont N donne 6 strophes : K omet la str. V et V omet la str. VI. En effet, N ne donne que très rarement des leçons qui lui sont propres et transmet en outre des versions plus complètes, ce qui laisserait penser que ce chansonnier précède KV sur l'arbre généalogique (le stemma bifide de Schwan situe V en tête, suivi de L, N, K, et enfin de XP, par ordre décroissant).

Le classement des manuscrits s'avère plus compliqué que d'habitude de par la distribution des chansons dans KNMeV à la lumière de leurs attributions, ainsi que le montre le tableau suivant (sont soulignées les chansons qui ne figurent pas dans N) :

Me 363 1154 ? 778 211 ? ? ? 1204 2063 ? Thierri
N 1970 363 778 211 767 2106 1204 2063 1267 2107 1978 Thierri
K 1267 2063 2107 1978               ff. 138-142 : Raoul
  1970 363 778 767 1911 429           ff. 291-296 : Thierri
  2106                     f. 418 : anon.
V 1267 2063 1978 363 1970 778 211         ff. 84a-87b : anon.
  767 929 2106                 ff. 51a-51c
  2107                     f. 118a
  429                     f. 93c
  1204                     f. 59c
  1885                     f. 96b

Sans vouloir nous prononcer sur les attributions, question dont nous nous occuperons dans la section Attribution des chansons, nous pouvons pourtant constater qu'en général les rapports qui s'établissent à partir de l'analyse des variantes se confirment par l'étude de la distribution et des attributions.

Winkler, sans tenir compte du témoignage de Me, soutenait que l'attribution à Thierri due au scribe de N ; le scribe de K se serait ensuite servi de N pour les chansons qui manquaient dans son modèle, ce qui expliquerait les deux séries de chansons transmises par K, à savoir une première attribuée à Raoul et une deuxième donnée à Thierri (20). Rien ne nous permettant de croire que Me constitue une copie de N, il semble peu probable que le scribe de Me ait fait la même erreur que celui de N. Il faut donc avancer l'hypothèse d'un ancêtre commun à NMe et vraisemblablement à V, comme le laisse supposer la faute commune au v. 21 de R778, où NVMe s'opposent à K (lacune dans NVMe). Cela implique, bien sûr, que le scribe de K, manuscrit normalement très fiable, a dû puiser ici à d'autres sources. Cette hypothèse se confirme par les cas suivants, où K s'oppose à NV :

R1267 v. 30 K   Si l’amerai adés sanz repentir
NV   Si l’amerai adés a son plesir
R429 v. 26 K   Et de touz biens garnie
NV   Et de touz biens paree

Notons également que K donne la chanson R2106 sans nom d'auteur et lui accorde une place ailleurs dans le ms.

On remarquera ensuite que K et Me transmettent des chansons attribuées à Thierri qui sont absentes dans N. Dans le cas de Me, il convient de signaler que l'hypothèse d'un ancêtre commun à NMe ne s'oppose pas nécessairement à la constatation que le scribe de N a omis certaines chansons ou que l'ordre des chansons dans les deux mss n'est pas identique. Il s'agit d'un phénomène qui se rencontre ailleurs dans les mss malgré leur parenté très proche. Prenons le cas des chansons de Blondel de Nesle (selon Fauchet, Me en donnait « une douzaine » (cf. Le Chansonnier de Mesmes) :

Me 1227 ? 482 ? 2124 ? 551 620 742 ? ?      
N 1227 1754 482 1497 1545 2124 1007 111 551 1924 1495 779 742 1095 620

En ce qui a trait aux chansons de Raoul, on serait tenté d'après ce qui précède d'accorder à Me le répertoire suivant (chansons hypothétiques en italiques) :

Me 363 1154 1970 778 211 767 1206 2063 1204 1267 2107 1978
N 1970 363 778 211 767 2106 1204 2063 1267 2107 1978  

À noter : l'absence de R1154 dans tous les mss de cette famille à l'exception de Me. La chanson n'est transmise que par Me et CO, donc par des témoins de 3 familles différentes. La strophe citée par Fauchet étant très proche de celle de C et MeC s'opposant à O au premier vers, on dirait que Me et C se sont servis d'un même modèle, inconnu des autres scribes de la famille.  

Quant à V, il transmet une première série de trois chansons (dont deux se trouvent dans N, la troisième étant un unicum) et une deuxième série comprenant sept chansons qui se trouvent également dans N ; à cela s'ajoutent quatre chansons que les autres mss attribuent à Thierri ou à Raoul mais qu'il place ailleurs. Il semble donc que le scribe de V, lui aussi, ait puisé dans d'autres sources. En ce qui concerne les mss P et X, ils forment un groupe très homogène avec KNV ; leur répertoire ainsi que l'attribution à Raoul laissent supposer qu'ils s'apparentent de près à K.

La conclusion que l'on peut tirer de cet examen se résume ainsi : le groupe KNMePXV, lui-même sous-groupe de sII, se divise en trois sous-groupes : NMe, KPX  et V. Les rapports se chevauchent à maintes reprises, mais cela n'a rien pour nous surprendre dans la tradition manuscrite embrouillée de l'œuvre des trouvères.

La famille sIII

La parenté du groupe CU ne fait aucun doute. En voici quelques exemples :

R1267 v. 20 CU   De l'angoisse dont sa biauteit me blece
KNPXVHTR   De la dolor dont sa biauté (plaie) me blece
R2107 v. 21 CU   Ke de ma dolor n'ait cure
KNPXVaFR3SMetz   Que de ma joie n'a cure

CU intervertissent les vers 21-24 de R1978, s'opposant ainsi à KNPXV. La str. IV de R1885 transmise par CU s'oppose entièrement à celle de Z. En général, le groupe CU semble plus proche de MTR2que de KNPX, comme le montre R1267 v. 32 : CUHMTR Onques ne vi dame contre KNPXV Ainz mes ne vi fame et R1267 v. 36 CUHMTR Autre joie ne quier contre KNPXV Autre joie n'i truis. Encore faut-il noter que C et U s'opposent parfois :

R2063 v. 9 KNPXC   Et le povre de joie coronner
VUHMTR   Et le povre de joie caroler
R2107 v. 39 Ca   Puis que j'ai a vous failli
KNPXR3SU   Puis qu'a s'amor ai failli
R2107 v. 13 Ca   Por faire la mort soffrir
KNPXVFR3SUMetz   Pour fere la mort sentir

Comme le montre le tableau, les répertoires de C et de U sont identiques (à l'exception de R1154 qui n'est pas dans U).

H transmet les mêmes chansons que MTR2CU suivant le même ordre mais donne de nombreuses leçons qui lui sont propres. Dans R1267, toutefois, les variantes coïncident avec celles de CU(MTR2) dans de nombreux vers : v. 30 CUH Ains l'amerai contre KNPXV Si l'amerai, Iv. 32 CUHMTR2 Onques ne vi dame contre KNPXV Ainz mes ne vi fame et v. 36 CUHMTR2 Autre joie ne quier contre KNPXV Autre joie n'i truis. Le rapport de H avec C et MTR2 se manifeste de façon encore plus évidente dans R2063 : les quatre mss donnent une strophe (IV) qui manque dans les autres. A d'autres endroits, cependant, H s'oppose à CU et MTR2 :

R1267 v. 37 KNPXVH   Certes si faz, mes ele est si tres grant
CU   Joie si fais, maix elle est si tres grant
MTR2   Joie a mes cuers, mes elle est si tres grant

En somme, la parenté de H avec CU est assez évidente, mais l'on doit pourtant admettre son indépendance dans la famille dont il fait partie. 

Comme H, F donne de nombreuses leçons qui lui sont propres, ce qui complique son classement. L'examen des variantes ne fournit également que peu de certitude : dans R2107 v. 25, FSR3aC Qu'ains dame ne poi servir s'oppose à KNPXVMetz C'onques dame ne servi ; au v.27 on lit FSR3UMetz Douce dame desirree contre KNPX Hé, tres douce desirree, au v. 10 de R1885, OCUF fauser s'oppose à MZVR3 guiler et au v. 22 on lit ZVRCU M'en firent l'anoncion contre F Me refusent anotion. Il semble donc que F soit un manuscrit très contaminé, compilé par un scribe qui n'hésitait pas à intervenir dans ses textes. Nous n'avons relevé aucune indication solide portant sur le classement de ce manuscrit.

Conclusions

Résumons ici, en quelques mots, les résultats de notre examen, qui confirment en général le classement de Schwan (avec ceci de différent que nous avons inclus dans notre analyse les données connues du ms. Me). Nous distinguons trois familles, à savoir :

  • sI composée de MTR2, a, Z
  • sII composée de BR3, S, O, et KPXNMeV (formé de NMe, KPX et V)
  • sIII composée de CU, H (F ne peut être classé à partir des chansons de Raoul)

(Sont exclus de cette analyse le ms. Mazarine 54, qui ne transmet qu'une seule chanson, et le ms. 535 de Metz, renfermant une collection éclectique qui ne s'apparente à aucun des autres manuscrits.)


[1] Alain Lerond, Chansons attribuées au Chastelain de Coucy (Paris, PUF, 1964).

[2] Georg Steffens, Die Lieder des Troveors Perrin von Angicourt (Halle, Max Niemeyer Verlag, 1905), p. 89 ff. Cf Schwan, p. 241.